Villafranca del Bierzo, 22 juin 2011
Plusieurs coutures de mon soulier droit sont défaites. Je me lève à cinq heures et demie, je vais
m'asseoir dans la bibliothèque et je fais trois « points de suture » avec du fil de coton doublé.
J'espère que cela tiendra jusqu'au soir.
Je dois absolument trouver une solution à Villafranca del Bierzo.
En face du gîte, un bar propose des « desayunos » (déjeuners). Nous nous y rendons. Bien qu'il y ait
peu de clients, le patron semble complètement dépassé par la situation.
Il a bien du mal à nous préparer nos boissons. Il s'occupe d'un client, puis de l'autre, puis il revient
au premier, puis il refait un compte, puis il se demande s'il a servi un café, et ainsi de suite.
Notre commande de sandwiches semble au-dessus de ses forces. Une demi-heure plus tard, nous n'avons toujours rien et quand nous lui demandons où en est notre commande, il semble affolé et perd ses moyens.
Après une heure d'attente, nous décidons de partir.
Et nous déjeunons huit kilomètres plus loin, à Fuentes Nuevas.
Nous marchons d'un bon pas.
Pierre envisage de manger à Cacabelos.
Des groupes d'étudiants se réunissent à l'entrée du village. Nous décidons d'aller directement à
Villafranca del Bierzo, neuf kilomètres plus loin. C'est le terme de l'étape.
Peu avant Villafranca, un automobiliste nous donne une publicité pour « Viño Fermita », un albergue récent.
Je prends en photo l'église San Francisco à Villafranca del Bierzo.
Décidément je préfère les petites églises un peu spéciales aux grandes cathédrales prétentieuses.
Le topoguide recommande l'albergue « Ave Fenix », à l'entrée de Villafranca, mais il n'y a pas de lave-linge.
Selon Pierre, l'albergue municipal est trop « spartiate ».
Je n'ai que trois albergues dans mon topoguide. Par conséquent, le troisième, l'albergue de la Piedra semble s'imposer. Il se trouve à la sortie du village. Je m'y rends.
Je passe près de l'albergue « Viño Fermita », qui se trouve au centre de la petite ville.
Comme j'arrive à l'albergue de la Piedra, André me téléphone. Il m'apprend que mes compagnons s'installent ailleurs.
Tout d'abord je pense à revenir sur mes pas, mais l'albergue de la Piedra me plaît. Il y a beaucoup de place et les responsables du gîte sont très disponibles.Le gérant me donne l'adresse d'un cordonnier et il prend mon linge pour le laver. Je m'installe et je prends une douche.
André me rappelle pour me dire que les autres vont manger. Je lui dis que je prends ma douche et que je passerai devant le cordonnier avant de les rejoindre.
Mon intention est de noter l'heure d'ouverture de la cordonnerie, car en Espagne les magasins sont
d'ordinaire fermés à deux heures.
Le magasin est fermé, mais le cordonnier me voit et m'invite à entrer dans son magasin, il colle mon
soulier en quelques minutes.
Il me répond en français. Il est content de parler français, il a travaillé cinq ans à Marseille et il
en garde un bon souvenir. Il ne me fait rien payer.
Voilà la devanture du magasin de Fernandez Sampron Silvino, le cordonnier « qui m'a sauvé ».
Il est vraiment très gentil.
Je rejoins Pierre, Paul et André C.
Un pèlerin uruguayen, Ruben, est assis avec eux à la table d'un restaurant. Il nous suit depuis ce
matin. Il a eu un début de tendinite et il souhaite marcher sans forcer le pas. La vitesse de
notre groupe lui convient.
Nous le distançons pendant la marche et il nous rejoint aux haltes.
Un chien placide et sympathique circule un peu partout dans l'albergue.
Cela me plaît d'autant plus qu'en Espagne, les chiens sont presque toujours interdits dans les « albergues » et les « casas rurales ».
L'ambiance de l'albergue est feutrée et agréable, c'est un petit coin monastique idéal pour un ermite. Mais demain, au lever du soleil je redeviendrai pèlerin.
Le río Burbia coule à la sortie de Villafranca del Bierzo.
Le relief accidenté annonce les monts cantabriques et le Cebreiro.