De l'aube à l'aurore - L'ermite et le pèlerin - Ponferrada (21 juin 2011)

Un monde à refaire

Cabo Fisterra

Ponferrada, 21 juin 2011

J'ai bien dormi avant d'entamer cette étape emblématique du camino, car elle passe à la Cruz de Fierro. Elle m'enthousiasme par le simple fait que nous passerons toute la journée dans les monts du León.

Lever du jour sur les monts du León

Le lever du jour sur Foncebadón m'émeut.

J'aime beaucoup les levers de soleil. Ils me donnent plein de moral et d'énergie pour la journée.

L'albergue 'La Cruz de Fierro' L'albergue « La Cruz de Fierro » a ouvert le mois passé.

La Cruz de Fierro Près de la Cruz de Fierro, je teste un magnifique cadran solaire.

Il fonctionne très bien.

Au détour du chemin, je découvre un site qui ressemble un peu à « las Medulas », une mine d'or des Romains au sud-ouest de Ponferrada. Peut-être s'agit-il, ici aussi, d'une antique mine d'or ? J'en parle à mes compagnons.

Le refuge de Thomas Peu après, à Manjarín, nous allons dans l'albergue du « dernier » templier, le refuge de Thomas.

C'est un réduit consacré à une bimbeloterie du Temple et du camino, quelque chose entre du commercial et du folklorique. Cela ne me convainc pas.

Par contre, l'air de l'altitude me donne des ailes. Je marche avec entrain jusqu'au sommet du « collado de las Antenas » (col des Antennes), d'où je vois le Bierzo et plus loin, les monts cantabriques, avec Ponferrada étalée dans une large vallée.

Les vieux monts pelés Et voilà une vue sur les vieux monts pelés !

Carraceo de Compludo Au fond, en contrebas, niché entre les montagnes se trouve un petit village, Carraceo de Compludo.

Éoliennes sur les monts du León

Et toujours les éoliennes qui annoncent la naissance d'un autre monde, plus respectueux des ressources de la terre !

J'attends mes amis, puis nous dévalons plus de mille mètres d'altitude dans les cailloux et les rochers.

Les toits en ardoises d'El Acebo Et voilà qu'apparaissent les toits noirs de la jolie petite ville d'El Acebo, des ardoises qui annoncent la Galice proche.

Depuis pas mal de kilomètres, le galicien concurrence le castillan sur les panneaux.

Nous nous arrêtons à El Acebo. C'est à nouveau un lieu où je me sens bien, comme le lac des Settons, le Col du Béal et San Juan de Ortega, un lieu où je resterais si le camino ne m'appelait pas.

La rue principale d'El Acebo Nous parcourons la rue principale d'El Acebo.

Les coutures de mon soulier droit se défont de plus en plus. Il faut absolument que je les répare.

Le pont avant Molinaseca

Après le pont, nous entrons dans Molinaseca, une jolie petite ville malheureusement complètement marchandisée par le camino.

Mes compagnons baignent leurs pieds dans l'eau courante qui coule le long d'un bar.

L'endroit est très agréable, je me demande pourquoi nous ne nous arrêtons pas ici pour dormir. Je doute que la ville de Ponferrada soit plus accueillante. A priori je n'aime pas trop les villes.

Les sept derniers kilomètres sont pénibles. Il fait très chaud, nous battons beaucoup l'asphalte et pour éviter les grand-routes, nous ne cessons pas de monter, de descendre et de traverser des petites localités.

Le seul albergue de Ponferrada est à l'entrée de la ville. Il y a beaucoup de monde et beaucoup de bruit, je crains que nous ne dormions peu.

Dans la bibliothèque du gîte, je trouve un livre en français, les Frères Karamazov de Dostoïevski. Je le propose à Pierre, qui cherche de la lecture. Je place un signet aux chapitres que je trouve les plus intéressants : la révolte (d'Ivan Karamazov) et la Légende du Grand Inquisiteur.
Il préfère aller acheter un Simenon. Dostoïevski, c'est de la lecture pour ermite, pas pour pèlerin !

Vers cinq heures nous allons boire une bière à la place de l'Ayuntamiento, puis nous allons à la basilique Virgen de la Encina.
Pierre nous emmène dans pas mal d'églises où il va prier. C'est le plus religieux d'entre nous.

La tour de l'horloge à Ponferrada Nous passons sous la « Torre del Reloj » (tour de l'horloge).

Statue illustrant la légende de la Virgen de la Encina Cette statue évoque la légende de la découverte de la Virgen de la Encina.

En castillan, « encina » désigne le chêne vert (faux houx), un arbre méditerranéen à feuilles persistantes ; le chêne rouvre s'appelle « roble ».

Petite partie du grand château des Templiers Je photographie comme je peux une petite partie du grand château des Templiers.

Je cherche un restaurant pour mes compagnons qui sont allés dans la cathédrale, mais je n'en trouve aucun qui me plaise.
Finalement nous allons manger à la Mesón « los Templarios ». Nous revenons vers huit heures et demie, un peu éméchés.

Je ne suis pas trop sûr de pouvoir dormir.
En dépit du courant d'air que nous avons créé dans la pièce, il fait très chaud. Dehors les conversations vont bon train, mais cela ne se prolonge pas très tard. En plus, la chaleur est moins insupportable qu'à Astorga.