Arthez-de-Béarn, 28 mai 2011
Je me lève à quatre heures vingt, non sans susciter l'ire de S. qui ne comprend pas qu'on puisse se lever si tôt. Je vais dans la cuisine des pèlerins pour faire mon sac et pour déjeuner.
Je pars à six heures moins vingt.
Dès que je cesse d'être ébloui par l'éclairage public, le chemin est aisé à suivre.
Les balises sont des mains dont l'index indique la direction à suivre.
Je descends au lac d'Arzacq-Arraziguet et je le contourne en suivant un chemin qui devient un sentier.
Je me sens en forme. Hier ma méforme était peut-être due à un excès de vin. J'ai eu le même problème à Aubigny-les-Pothées.
Il y a beaucoup de montées entre Louvigny et Fichous-Riumayou.
À Lou Castet, je photographie l'aspect vaguement vallonné de la région.
C'est à Lou Plan, sur le plateau, que j'aperçois, pour la première fois, des montagnes dont les
sommets sont couverts de neige.
Les Pyrénées !
Dans la descente vers Larreule, je les vois encore mieux.
Les Pyrénées ! À portée de vue !
Je leur lance un défi : « À bientôt nous deux ! » Avec un clin d'œil à Hugues Aufray !
Je traverse le Luy de Béarn, une jolie petite rivière.
Je marche aisément, car il fait encore frais.
À Pomps, je remplis d'eau ma bouteille.
Comme il n'y a pas de pain à la boulangerie-pâtisserie, j'achète une portion de tarte, une pomme et
une orange que je mange sur place.
Il commence à faire chaud.
Je peine un peu dans la montée qui mène à Castillon, mais au loin j'aperçois Arthez-de-Béarn, le terme
de mon étape.
Comme je suis en avance, je fais le détour par la chapelle de Caubin.
Je m'assieds à la table de pique-nique « préhistorique » qui fait face à la chapelle.
Peu après j'arrive à Arthez-de-Béarn.
J'ai marché seul d'un bout à l'autre de l'étape.
Je profite de mon arrivée précoce pour aller manger une entrecôte avec des frites et une bière pression.
Dans la chambre, il y a un pèlerin âgé et son ami andalou Diego Garcia, qui ne parle pas français.
Je comprends un peu ce qu'il dit, car je me débrouille en castillan, ce qui est utile quand on va de
Roncesvalles à Cabo Fisterra !
Il y a aussi Alain, le compagnon rapide de Patrick.
J'explore le début de l'étape de demain. Il est trivial, je pourrai partir tôt.
Comme mes jambes ont envie de bouger, je fais deux bons kilomètres, histoire de les divertir !
Après une étape avec sac à dos, rien ne fait plus de bien aux jambes que quelques kilomètres sans sac.
Diego nous montre les crédenciales de son périple, plus de six mille kilomètres à partir de chez lui en Andalousie, via Santiago, Rome, Assise, la Croatie, la Pologne et maintenant, retour à Santiago de Compostela. Il est parti en 2010. Impressionnant !
Entendre parler castillan me fait plaisir, cela me replonge dans cette langue que j'aime bien et que j'ai pratiquée à Madrid il y a trente ans.