Arfeuilles, 20 avril 2011
Je termine la nuit assis face au chauffage pour avoir un peu de chaleur.
À six heures un quart, je suis prêt. Mais comme il y a des nuages et qu'il fait sombre, je ne pars qu'une demi-heure plus tard.
Je grimpe de deux cents mètres jusqu'au mont Saint-Joseph. Comme la montée s'étale sur des kilomètres, je la sens à peine. Je ne force pas le pas, car je ne suis guère en forme suite à mon manque de sommeil et de nourriture.
Je descends à l'étang qui alimentait l'ancien moulin de Bacquetier, près d'Andelaroche.
Cette ruine est tout ce qu'il reste de l'ancien moulin.
En arrière-plan, on voit quelques maisons d'Andelaroche.
Cela se complique à hauteur de la route impériale. Au lieu d'aller à droite, le GR prend à gauche et fait un détour pour éviter le chantier de l'autoroute.
Il me ramène ensuite vers les travaux en vue d'atteindre le bois de Trayon par le nord-ouest.
Et voilà le chantier de l'autoroute, avec un pont en construction.
Un moment, j'imagine qu'on a tracé cette large route pour les pèlerins,
une « pèlerinoroute » et non une autoroute.
Voilà qui simplifierait le camino !
Le jour où le pétrole viendra à manquer, les grand-routes feront peut-être de bons chemins pour
les randonneurs et les pèlerins.
Je grimpe dans le bois de Trayon.
Un mauvais chemin me mène au sommet, où se trouve la statue de Notre-Dame de Trayon.
C'est la limite entre le bocage bourbonnais et la montagne bourbonnaise.
La descente après Notre-Dame de Trayon est raide et rocailleuse.
Je suis monté à cinq cents mètres d'altitude alors que j'aurais pu contourner la butte.
Les descentes et les montées deviennent plus raides et comme la chaleur s'en mêle, je peine en montant vers Châtelus.
Voilà Châtelus à partir de la hauteur qui précède Gribory.
Cette grosse maison à tour, très soignée, est un ancien corps de garde du château médiéval.
C'est là où habitait le curé de la paroisse. On l'appelle la « Maison des Dîmes », car c'est le curé qui percevait les dîmes. Aujourd'hui c'est la maison d'un peintre.
Après Châtelus, il y a une longue montée sans grandes difficultés vers la grand-route, après quoi
le chemin descend doucement vers Arfeuilles.
Je peine à cause de la chaleur.
Je fais de menus achats à l'épicerie. Puis je vais au restaurant et je mange un steak. J'en avais envie depuis longtemps, cela me redonnera des forces.
Ensuite je vais au gîte et je prépare les trois prochaines étapes.
Puis je rumine un peu.
Chacun ne connaît qu'un petit bout de l'apparence du réel. Cela forme un puzzle de sept milliards de
pièces, avec des pièces en double et des pièces manquantes. Voilà de quoi renouveler le mythe de
la Tour de Babel !
L'apparence du réel nous est définitivement inaccessible et l'irréel, le surréel, le surnaturel sont
fictifs et limités par notre imagination. Laissons tomber ces illusions et revenons à nous-mêmes !
La responsable du gîte arrive à trois heures. Elle me donne les informations utiles et nous réglons tout. Je m'installe.
J'explore le début du chemin de demain. Il monte fort. Je ne partirai pas tôt, car la boulangerie n'ouvre qu'à sept heures et demie.
Je m'achète un gueuleton : un litre de potage, des cannellonis, deux cent cinquante grammes de yaourt,
trente-trois centilitres d'abricots dans leur jus, des petits quartiers de fromage et du pain.
Je veux être en forme pour demain.
Comme la boulangerie n'ouvre qu'à sept heures et demie, j'achète aussi du pain. Ainsi je pourrai partir à l'heure que je voudrai.
Je vais dormir à six heures et demie.