Bar-sur-Seine, 2 avril 2011
Nous parlons beaucoup pendant le déjeuner, enfin ce sont surtout eux qui parlent.
Je ne pars qu'à neuf heures moins le quart pour ma longue étape de vingt-huit kilomètres. Cette fois je ne risque pas d'arriver trop tôt.
Le début du chemin est sans problème.
Je passe près de l'étang de la Renouillère.
À hauteur de Villy-en-Trodes, le chemin devient infâme, une mer de boue due au passage des tracteurs, des VTT, des motos et des chevaux. Ils s'y sont tous mis. Il reste très mauvais jusqu'à Marolles-lès-Bailly.
« Marolles » est aussi le nom d'un quartier populaire de Bruxelles, issu du nom donné aux Sœurs Apostolines, les « Mariam colentes », d'où « Maricolles » puis « Marolles ». Ici « Marolle » désigne une grande clairière.
Ensuite c'est de l'asphalte pendant quelques kilomètres.
Je peine en montant la côte de Fralignes. Pourtant la dénivelée n'est que de quatre-vingts mètres et la montée est progressive. Ce n'est rien par rapport à ce qui m'attend dans le Morvan. Je suis sans doute fatigué par la longueur de l'étape. Ou bien c'est l'effet de la chaleur.
J'arrive à Fralignes peu après une heure. Je m'assieds sur un banc à hauteur de la mairie et je me
repose une demi-heure. Ma nourriture attire un chat qui reste cependant à distance.
Il ne me reste que neuf kilomètres à faire. J'espère arriver à Bourguignons, sur la Seine, à trois heures
un quart, après quoi il me restera deux kilomètres pour arriver à Bar-sur-Seine. C'est jouable.
J'ai mal au genou droit, mais c'est sans gravité. Le petit chat m'observe avec attention.
Je reprends la route. J'ai franchement mal au genou. Je boite en descendant le Val de Lignel. Le boitillement diminue ensuite et je reprends mon rythme de marche habituel. Les montées sont modérées et ne me posent pas de problème.
C'est tellement plat que j'en arrive à croire que la vallée de la Seine est plate et peu marquée.
C'est une erreur : le chemin se termine par un raidillon très pentu. Je descends le sentier caillouteux
très prudemment, à l'ardennaise, en mettant les pieds en travers du sens de la pente.
Je traîne la jambe en approchant de Bar-sur-Seine, j'entre dans la ville à trois heures et demie.
Je me rends dans une grande surface. J'y achète une baguette, de la salade niçoise, du Comté et de l'eau,
ainsi que cent grammes de chocolat pour me donner un coup de fouet.
Une dame me voit manger sur l'aire de stationnement. Elle vient à ma rencontre.
Elle me dit qu'elle va faire le Camino Francés en trottinette dans le cadre d'une action en faveur
d'handicapés. Elle a déjà fait le pèlerinage en trottinette deux fois, la première à partir de
Luxembourg et la seconde à partir de Bar-sur-Seine. Ils seront deux à partir de
Saint-Jean-Pied-de-Port le deux juin.
Nous nous reverrons peut-être, car je prévois d'arriver au pied des Pyrénées le trois juin.
Je me rends à l'hôtel. Il fait très chaud. Un thermomètre affiche trente-trois degrés centigrades.
L'hôtel est fermé jusqu'à six heures. Il est quatre heures. Je cherche un endroit à l'ombre et je rédige
mon carnet de bord.
Puis je fais un tour en ville.
Je passe devant un escalier appelé « Jeanne de Navarre ». J'ignore si cet escalier mène à la Tour de
l'Horloge, où passe le GR.
Je me rends à l'Office du Tourisme et je pose la question. L'employée me répond que « c'est tout à fait
ça » et comme je quitte l'office, elle ajoute « au fond du parking ». Il n'y a pas d'endroit où
stationner près de cet escalier.
Je continue mes recherches et je trouve un peu plus loin un petit parc de stationnement rectangulaire.
Nulle part il n'est indiqué « escalier Jeanne de Navarre », mais il y a bien un petit escalier et il
y a surtout la balise rouge et blanche du GR. J'ai bien fait de chercher.
À cinq heures et demie je m'assieds devant l'hôtel. Des personnes passent, hésitent puis vont chercher ailleurs. Drôle d'idée pour un hôtel de n'ouvrir samedi qu'à partir de six heures du soir !
L'hôtel ouvre et je m'installe. Je suis fatigué et je vais dormir. Je suis de temps à autre réveillé par des douleurs dans le pied droit.