O Pedrouzo, 28 juin 2011
Il est trop tôt pour se lever, mais je crains de m'endormir si je ne le fais pas tout de suite. Je
suis très fatigué, car cela fait plusieurs nuits que je dors mal.
Pour la première fois depuis le départ, je fourre tout dans mon sac à dos sans rien ranger. Je me
prépare tellement mal que je ne suis prêt qu'à six heures.
Je sors de l'albergue, il y a des nuages et beaucoup de vent.
Pierre propose d'aller déjeuner dans un bar proche du gîte. Nous le suivons. Le service est rapide et efficace.
Nous quittons Melide à six heures et demie.
Je suis recru de fatigue. Je hais ces albergues où on dort mal. Je n'ai qu'une envie : m'allonger sur le bord du chemin et dormir. Je laisse mes amis prendre le large.
Le temps est maussade et nuageux, de temps à autre il y a un peu de bruine.
Après Castañeda cela sent de plus en plus souvent l'eucalyptus.
J'arrive à Arzúa peu après mes compagnons, à la fois parce qu'ils ont ralenti et que je marche plus vite. Je rejoins André C. qui a fait demi-tour pour récupérer une lanière de son sac à dos. Puis je le suis à distance, ce qui me permet d'arriver au bar où mes amis se sont arrêtés.
Le pied droit fait à nouveau mal. Je profite de la halte pour remettre du produit antifriction. Je renverse une chaise, je dors debout, je ne suis pas de bonne humeur.
Quand nous quittons le bar, Paul va faire quelques achats. Je décide d'aller faire tamponner ma crédenciale dans un gîte, mais il est fermé.
La douleur au pied reprend, elle est de plus en plus forte. Je décide de prendre de l'avance sur mes compagnons. De toute manière ils me rejoindront vite car je progresse très lentement. Je téléphone à Pierre pour le mettre au courant.
Dès le río Vello, je dois m'arrêter, car le pied fait trop mal. Je mets un Compeed supplémentaire.
Mes amis arrivent, je leur dis de continuer leur chemin sans m'attendre.
Ce deuxième Compeed donne de bons résultats, car je parviens à les suivre plus ou moins. Mais non loin de Cruz, la douleur croît à nouveau et je dois les laisser partir.
Un peu plus tard je prends de la vitesse, je les vois au loin et je parviens à les suivre plus ou moins. Mais à partir de Salceda, la douleur est trop forte et je dois les laisser aller.
Je réduis un peu mon retard en approchant de Santa Irene, où nous avons décidé de nous arrêter.
L'albergue de Brea ne convient pas, car elle est trop proche de la grand-route.
Pierre me sonne ; il me dit que l'albergue privé de Santa Irene est « completo » et qu'ils vont à l'albergue municipal.
Je les rejoins. Il y a de la place, mais ils ne font pas de repas et il n'y a pas de restaurant dans
les environs.
Nous décidons d'aller au Pedrouzo, où il y a beaucoup de gîtes.
Je pars tout de suite pour prendre de l'avance. En fait j'ai peur de m'arrêter, car j'ai très mal quand je dois prendre la route après un repos.
J'arrive à l'entrée du Pedrouzo et je leur téléphone. Ils ne sont pas loin.
Nous entrons ensemble dans le village.
Les trois premiers albergues sont « completos ». Au dernier, « Edreira », les quatre dernières places
sont prises devant nous. Notre compagnon uruguayen, Ruben, est le premier à le comprendre en
entendant ce que dit l'hospitalera.
Un peu partout dans le village, des pèlerins cherchent à se loger. C'est la grosse affluence et l'affolement général.
Ruben se renseigne.
Il obtient l'adresse d'une pensión appelée « Compas », que je trouve dans le miam-miam dodo de 2011
d'André. Elle est bon marché.
Je demande à un passant où elle se trouve, j'avertis mes amis que je m'y rends. Mais ils ne me suivent
pas.
J'obtiens de la gérante de la pensión un arrangement pour six lits. Je leur téléphone. Ils sont allés dans un hôtel en se partageant des chambres.
Je reste dans ma pensión, qui est très confortable.
La gérante me renseigne un bar, qui ouvre à six heures du matin, tout près de l'endroit où Ruben s'est
renseigné. Je téléphone à Pierre et nous prenons rendez-vous devant ce bar demain à six heures.
Au souper, je rencontre deux pèlerins franc-comtois. Ils ont fait le Puy-en-Velay – Moissac, Moissac – Burgos et demain ils arriveront au terme de leur troisième tronçon, Burgos – Santiago.
Pour demain, l'inconnue sera l'état du pied droit. Mais Santiago n'est qu'à vingt et un kilomètres, une paille quand on en a fait près de trois mille !