De l'aube à l'aurore - L'ermite et le pèlerin - Mansilla de las Mulas (16 juin 2011)

Un monde à refaire

Cabo Fisterra

Mansilla de las Mulas, 16 juin 2011

Nous nous préparons à notre aise, car nos compagnons doivent marcher huit kilomètres pour nous rejoindre.

C'est vent et nuages, il fait frais.

Nous nous rendons au bar où nous avons mangé des bocadillos hier. Il ouvre à sept heures et demie.

Un couple de Hollandais passe devant le bar. André les connaît. Ils sont partis à pied des environs de Maastricht.
Nous leur disons que le bar ouvre dans cinq minutes. Ils trouvent que c'est trop long et décident de chercher ailleurs. Comment peut-on être impatient à ce point ?
Un peu plus loin ils semblent hésiter, ils discutent entre eux. Sur ces entrefaites, le responsable du bar arrive et ils reviennent sur leurs pas.

Ils ont dormi au gîte de Bercianos.
Ils nous disent qu'en partant ils ont vu de la lumière dans la chambre d'Anne-Marie, de Pierre et de Paul. La trentaine d'enfants sud-coréens ont dormi ailleurs, dans la salle de gymnastique d'une école.

Des pèlerins passent.

À huit heures, nos compagnons ne sont toujours pas là. Nous quittons le bar. Nous marchons lentement vers Reliegos, sur un sentier déprimant qui longe une route sur un plateau plat.
Nous rencontrons quelques fois le couple hollandais.

Nous arrivons à Reliegos vers onze heures, nous nous attablons à un bar.

Nous voyons nos compagnons arriver vers onze heures et quart. Nous mangeons ensemble.

Les enfants sud-coréens passent aussi. Faire le camino avec une trentaine d'enfants, dont certains très jeunes, me semble aventureux.

Il fait chaud. Nous n'arrivons à Mansilla de las Mulas qu'à une heure et demie. Nous nous installons.

Les ampoules d'Anne-Marie sont sérieuses. Elle va au Centro Médico, qui lui interdit la marche pour cinq ou six jours. Ils la soignent avec obligation d'aller à l'hôpital de León demain matin.

Pierre prendra le bus pour accompagner sa sœur à León. Nous nous retrouverons à l'albergue chrétien. Je n'aime pas trop dormir dans les villes, mais tant pis ! Pierre a le numéro du portable d'André.

Les coutures de ma chaussure droite se défont de plus en plus depuis quelques jours. Celles de ma chaussure gauche résistent un peu mieux. Je double un fil à coudre et je le passe dans les trous de la couture.

J'espère que mes chaussures tiendront encore quatre cents kilomètres. Elles ont tenu plus de deux mille kilomètres dans tous les terrains, elles ne vont quand même pas me lâcher maintenant !

Nous prenons un verre et nous parlons littérature. Puis nous soupons.

Pierre chante et joue de la guitare dans un groupe, il aime les chansons de Brel et de Ferrat. Je lui parle du « marchand de bonheur » des Compagnons de la chanson. Il la connaît et il la fredonne.

Je me suis installé en haut du lit à étage, ce que je ne fais pas d'habitude, car je crains que mon appareil respiratoire ne tombe.
Mon compagnon du rez-de-chaussée remue beaucoup. En plus il ronfle. Je ne parviens pas à dormir. C'est la pire nuit depuis mon départ.