Aroue, 30 mai 2011
À six heures et demie, je vais dans la salle à manger pour ranger mes affaires dans mon sac à dos.
En arrivant dans la pièce, je vois la dame allemande que j'ai rencontrée aux Tournesols du Gers. Elle
s'apprête à partir.
Je suis étonné de ne pas l'avoir vue hier soir. Elle me dit qu'elle est arrivée quand nous étions à
Navarrenx et qu'elle est allée dormir avant notre retour.
Nous nous souhaitons mutuellement un « buen camino » et elle s'en va.
Deux pèlerines déjeunent.
Un peu ennuyée, mon hôtesse m'explique que suite à la demande des pèlerines, elle a préparé le déjeuner
pour six heures. À moi elle avait dit que c'était hors de question avant sept heures.
Mais je gagne quand même une petite demi-heure.
Je traverse le gave d'Oloron sur le pont de Navarrenx.
Très vite je sens la fatigue due à ma courte nuit et je subis les effets de mon gros repas d'hier soir. Je me traîne.
Alain me dépasse.
Je tente de le suivre à une distance plus ou moins grande.
Heureusement l'étape est courte.
Voici, au lieu-dit Lessouey, la hutte de pèlerin la moins chère de France !
Je passe près d'un observatoire ornithologique (improprement appelé « colombier »).
Peu avant Lacorne, le ciel devient très sombre, l'orage menace.
Je rejoins Alain.
Dans la descente vers le Saison, il pleut dru. Nous marchons sous la drache.
À Cherbeys, je m'attends à tourner à gauche, mais les balises indiquent de prendre à droite, vers Charre.
Alain et moi arrivons à l'entrée de Charre avec sa petite église toute blanche.
Je préfère une petite église proprette à une cathédrale alambiquée.
Nous passons sous la grand-route puis nous revenons quasi sur nos pas.
L'ancien tracé du GR passait par une ferme qui est devenue une villa privée. Le passage n'est plus autorisé.
Nous avons une petite surprise entre Lichos et Joantho.
Peu après Lichos, Alain me dépasse en marchant d'un bon pas. À Bouhaben, je ne le vois plus. Je prends
une variante mal balisée qui me mène directement à la départementale 11.
Mais lui est resté sur le GR 65. Il s'arrête à hauteur d'une prairie et il m'attend, tandis que je
force le pas dans l'espoir de le rejoindre.
Je suis étonné de son avance, il est étonné de mon retard.
Je passe comme une flèche devant le château de Joantho.
J'arrive au gîte à midi et demi. Pas d'Alain ! Je me demande où il est.
Une dame me reçoit et me montre ma chambre.
Je suis surpris de voir Alain arriver après moi. Nous comparons nos chemins et nous comprenons ce qu'il s'est passé.
J'achète des maquereaux à la ratatouille à la petite épicerie locale et je mange dans une aubette. Le tour du petit village est vite fait. Je suis transi dans mes vêtements humides. Il ne fait pas très chaud et les nuages menaçants ne cessent de défiler.
Alain renonce à dormir sous tente et il se retrouve dans la même chambre que moi.
Je prends un café et je me repose.
La dame qui s'occupe des réservations arrive à cinq heures et demie.
Il y a beaucoup de vent, l'orage menace, le tonnerre gronde, il pleut à verse. Nous prenons l'air sous
le préau, qui se trouve à l'entrée du gîte. Cette fraîcheur est agréable après la lourde chaleur du
jour.
Le temps est très perturbé. Nous demandons à la dame quel temps la météo prévoit pour demain. Elle répond de manière énigmatique : « Si je vous dis qu'il fera très mauvais, vous m'en voudrez. »
En dépit du mauvais temps qui s'annonce, je décide que j'irai par le chemin des crêtes, celui qui va à Olhaïby par Begorre et Etcheberria. Plus prudent, Alain a l'intention de couper au court par Harrieta. Il gagne deux ou trois kilomètres et s'il pleut beaucoup, cela compte.