Nogaro, 25 mai 2011
Je déjeune à cinq heures.
Mon hôte et moi parlons des économies d'énergie. Il en a tenu compte quand il a aménagé son site. Je
lui donne les trois piles usagées de ma balise pour qu'il les mette au recyclage.
Je vais à l'accueil pour tamponner ma crédenciale et le payer.
Mon hôte et moi parlons de l'amor fati des Anciens. Lui non plus n'est pas trop enclin aux croyances
religieuses.
Les travaux publics refont la rue principale d'Eauze.
Je passe entre des machines.
Au croisement de la rue Saint-July et de l'avenue des Pyrénées, je salue deux pèlerins matinaux. L'un d'eux marche à une vitesse qui me convient, je m'aligne sur son pas.
Peu après Eauze, un sympathique panneau nous accueille.
Sept kilomètres plus loin, à Peyret, le pèlerin sur qui j'ai aligné mon pas, prend de la vitesse et ne tarde pas à disparaître.
Au moulin de Pouy, il y a une vaste pisciculture.
Je rejoins un groupe de quatre pèlerins bretons. Ils sont partis de Lectoure et ils comptent aller jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port.
À Manciet, je retrouve le pèlerin rapide ainsi que Patrick, le « vrai » gendarme. Nous nous saluons
et nous échangeons nos numéros de portable.
Je lui demande des nouvelles de Robert. Patrick me dit succinctement qu'il a pris de l'avance sur lui.
Un quatrième pèlerin nous rejoint.
Ils critiquent un couple de pèlerins néo-zélandais qui portent des guêtres ; j'imagine que s'ils en
ont mis, c'est pour éviter que les petits cailloux ne pénètrent dans leurs chaussures.
Ils reprochent aux quatre pèlerins bretons leurs sacs trop légers. Ils disent que ce sont des faux
pèlerins, que ce sont des gens comme eux « qui tuent le chemin ».
Je ne partage pas leur point de vue.
D'où vient cette distinction entre « vrais » et « faux » pèlerins ?
Toujours cette tyrannie du « vrai » !
Mon point de vue, c'est que le chemin est vivant et que comme tout ce qui est vivant,
il change sans cesse. Demain il sera différent. Il ne serait « tué » que si plus personne n'y passe.
Alors il serait mort, devenu momie.
Or il semble bien que ce soit le contraire ! Il y a de plus en plus de pèlerins, mais d'un autre genre.
C'est le mouvement même de la vie qui fait qu'il change. Si ce changement ne me plaît pas, je n'ai qu'à aller chercher ailleurs ce que j'aime.
J'achète des couques dans la petite épicerie de Manciet.
Je demande au vendeur où je pourrais trouver un point d'eau ; il me répond qu'il y en a un près de
l'arrêt des bus. Je vais remplir ma bouteille tandis que Patrick et le pèlerin rapide reprennent
la route.
Après Manciet le chemin est assez alambiqué, avec de nombreux changements de direction.
Je rejoins Patrick à Villeneuve et nous arrivons ensemble à Nogaro.
Il craint d'avoir une tendinite, il compte s'arrêter demain à Aire-sur-l'Adour et prendre trois jours
de repos.
Je le guide vers le gîte communal associatif, puis je vais à ma chambre d'hôtes.
Il est onze heures et demie.
J'ai la chance de rencontrer mon hôtesse qui accepte que je dépose mon sac à l'entrée du gîte. Je lui
promets de ne pas revenir avant trois heures.
Je fais un tour dans Nogaro, j'achète de quoi manger. Je prends un grand coca à la terrasse d'un bar-restaurant.
Puis je me rends au gîte communal.
Je parle avec Patrick et le pèlerin rapide, mais je n'ai pas de nouvelles de Robert.
Je retourne près de mon gîte.
Je ne suis pas loin des arènes de Nogaro.
Peu de gens savent que l'origine de la tauromachie est religieuse. Le dieu Mithra
aurait vaincu le taureau « primordial » à mains nues.
Ce culte de Mithra était très répandu dans l'Empire romain, mais le christianisme l'a complètement
éradiqué.
Je prends une bière là où j'ai pris un grand coca.
Je parle avec un pèlerin allemand qui vient du sud de l'Allemagne. Il a fait 1.300 kilomètres et il
compte loger à l'Arbladoise, un peu plus loin que Nogaro.
À trois heures je vais à ma chambre d'hôtes.
Je change la carte SD HC de mon appareil photo.
Des courants maritimes nous apporteront de la pluie demain.