Golinhac, 8 mai 2011
Au lever je remarque que j'ai une petite boule blanche entre le gros orteil et son voisin du pied gauche, peut-être une petite ampoule due aux descentes d'hier. Elle est aussi dure qu'un durillon !
De ma chambre je peux voir l'ancien portail des Ursulines.
Je pars, je flâne un peu et assez vite je prends mon rythme de croisière pour la journée.
Sise sur un piton basaltique, la ruine du château de Calmont domine la petite ville d'Espalion.
Je suis en tête des pèlerins partis d'Espalion, parce qu'Alex et Gaby, les marcheurs les plus rapides, se sont arrêtés pour attendre certains de leurs compagnons.
À l'entrée de la petite route qui mène à Saint-Pierre, un panneau précise que l'accès est réservé aux riverains et au cimetière.
Je présume que les pèlerins peuvent passer, car le cimetière désigne sans doute Compostelle, ce que le panneau inférieur confirme.
Le pont sur le ruisseau d'Astruges est la limite entre Armagnac et Saint-Pierre dans la commune de Bessuéjouls.
Une solide montée mène ensuite au Briffoul.
Au sommet de la côte, j'accède à un large paysage vers la vallée du Rémenous et le hameau de la Vayssière.
Peu après, en arrivant à une petite route bitumée, je constate que j'ai perdu
ma carte.
Je descends quatre cents mètres pour retrouver ma pochette de format A5. Je croise André et Michel
dans cette descente qui est très raide.
Entre-temps, un Allemand qui parle bien français, trouve ma carte plus haut. Michel m'appelle et
je remonte.
Je l'ai perdue quand j'ai pris le paysage vers la vallée du Rémenous en photo. Je remercie mon
compagnon allemand et je la récupère.
Après le Briffoul, je descends prudemment à cause de la petite ampoule que j'ai eue hier.
Je rejoins André et Michel.
Nous arrivons à Beauregard, près de l'église de Trédou. Ou « très doux », car ce lieu est très agréable.
Et soudain je saigne du nez ! Comme à la sortie de Reims ! Je mets mon fameux produit H.E.C. sur
un Coton-tige et je m'en badigeonne le fond de la narine gauche. Le saignement diminue.
Quand nous repartons, je marche lentement pour ne pas me remettre à saigner franchement. Je dis à mes
compagnons d'aller de l'avant et de ne pas s'inquiéter, j'arriverai à l'étape un peu plus tard
qu'eux.
Je suis néanmoins inquiet parce que quatre kilomètres après Estaing, il y a la forte montée vers la
Sansaguerie, trois cents mètres de dénivelée ! Et les montées accentuent mes saignements de nez !
D'ailleurs, un peu plus loin, à la Roque, peu après Verrières, j'emprunte une petite montée qui coupe
un virage et le saignement reprend avec force. Je m'arrête.
Je prends une photo du château de Hauterive, qui se trouve sur l'autre rive du Lot.
Il n'est sûrement pas le plus connu des châteaux du Lot, mais il se trouve là au bon moment. Et voilà comment il aboutit dans mon appareil photo !
Je finis par reprendre la route avec prudence, je marche lentement, très lentement, dans l'espoir que le saignement s'arrête. Et c'est ce qu'il se passe.
J'arrive à Estaing sans forcer le pas, mais mon retard est raisonnable.
Estaing est une petite ville tout en hauteur, et son château est un des plus connus du Lot !
Il est entouré de pentes boisées, ce qui lui donne un charme particulier.
De l'autre côté du Lot, un joli pont franchit la Coussane, un affluent du Lot.
Je traverse le grand pont d'Estaing et je rejoins mes compagnons pèlerins à la terrasse d'un café-restaurant.
Ils prennent un verre, je commande une eau. Certains arrêtent leur pèlerinage ici
ou prennent une autre route, comme Alex.
Patrick compte se reposer ici avant de reprendre la route. Il a toujours son problème d'ampoules et il
se demande s'il n'a pas une tendinite.
Je reste longtemps assis pour que la blessure de ma narine gauche se cicatrise bien. Un peu de liquide rougeâtre continue à couler.
Je repars lentement et prudemment.
Le saignement n'a pas l'air de reprendre, mais je suis méfiant.
Voilà les gorges du Lot peu avant la Rouquette.
Je traverse la Luzane et j'entreprends la montée vers la Sansaguerie très lentement
et très prudemment.
Je laisse passer mes compagnons pèlerins pour ne pas les retarder.
Trois cents mètres de dénivelée, c'est plus qu'il n'en faut pour que le saignement reprenne.
À deux reprises, en dépit de ma lenteur, la narine gauche se remet à saigner. À chaque fois je
m'arrête et j'attends que cela cesse avant de reprendre l'ascension.
À la fin de la montée, cela semble aller mieux. Je prends un rythme de marche plus habituel et je
rejoins un groupe de compagnons.
Michel a pris de l'avance, mais André est là. Il est ralenti par sa douleur au genou. Il a l'intention de s'arrêter à Massip, deux kilomètres avant Golinhac.
Le Brol est un hameau près de Castaillac.
Mes compagnons français ne comprennent pas pourquoi ce nom m'amuse. En Belgique « brol » désigne un foutoir, un drôle de nom pour un hameau. Et la présence des poubelles ne gâte rien !
Le petit village de Castaillac semble presque irréel, perché au-dessus des gorges du Lot.
Je prends de l'avance sur mes compagnons.
Peu avant Massip, au pied d'un arbre, une pancarte annonce le gîte. J'apporte le « gîte » (si on veut)
à mon ami André, qui n'est pas au mieux avec sa douleur au genou.
Je me sens d'humeur joyeuse depuis quelques jours, j'ai envie de rire de tout.
Comme je repasse près de l'arbre, je remets la pancarte à sa place.
Peu après, André arrive au gîte et nous prenons congé de lui.
J'arrive au gîte de Golinhac vers trois heures et demie. Il fait chaud et le vent est tombé. J'ai
beaucoup transpiré. Je fais une petite lessive.
Quand je pars pour le restaurant, à sept heures du soir, seuls mes mouchoirs sont secs. Je laisse le
reste du linge à sécher.
Nous sommes environ cinquante dans le restaurant. Notre hôtesse est seule pour nous servir. Le repas
s'éternise. À neuf heures, certains réclament, car nous devons partir tôt demain matin si nous
voulons éviter la chaleur.
Notre hôtesse claironne que neuf heures, c'est tôt. Je doute qu'elle fasse de la randonnée. Je saute
le dessert et je retourne au gîte. Dehors tout est mouillé, car il a plu. Je cours jusqu'au gîte
pour récupérer ma lessive. Heureusement elle n'est pas trop humide.
À la vue de mon appareil respiratoire, mon voisin de lit me dit que son médecin lui a recommandé le
même type d'appareil, mais que porter un masque ne lui dit rien. Je lui concède que cela peut être
désagréable et qu'il ne faut pas toujours écouter les médecins.
Après quoi, il ronfle très bruyamment toute la nuit, une vraie locomotive qui perturbe mon sommeil et
celui des autres occupants de la chambre ! En peu de temps, faut-il le dire ? je change d'avis
et je suis entièrement d'accord avec son médecin.