Issy-l'Évêque, 16 avril 2011
Je me lève peu après sept heures. Je ne suis pas mécontent de me lever plus tard que d'habitude, car je ressens de la fatigue, mais je me dis que cela passera quand je serai sur la route.
Je range mon sac sans me presser. J'ai tout le temps, car c'est à huit heures que j'ai rendez-vous
chez le boulanger.
J'achète des aliments pour aujourd'hui et pour demain.
Je quitte les Milliruptiens peu après huit heures.
Je coupe au court vers la gare de Millay par la départementale 124, ce qui me fait gagner cinq kilomètres.
Ma fatigue au réveil ne me dit rien qui vaille.
En plus je crains que le chemin soit médiocre entre Larochemillay et la gare de Millay ; il y a des zones
boueuses et des barrières à franchir.
Et enfin il y a peu de circulation sur la départementale.
Le paysage est déjà différent, il annonce le Bourbonnais.
Ici, près de l'étang, on voit la ferme de Bellerue avec le petit village de Lavault en arrière-plan.
Le Morvan sauvage, c'est fini.
Peu après la gare de Millay, je m'arrête à une aire de pique-nique le long de la
grand-route Autun-Luzy.
Je déjeune le plus loin possible de la route. Heureusement il y a peu de circulation.
Non loin de moi, un camionneur slovène déjeune dans son habitacle. Je lui fais un petit salut, il n'y
répond pas.
Je m'attaque ensuite au mont Dône. Pour y accéder j'emprunte un petit chemin marécageux sur deux cents mètres. La montée débute en force et dure longtemps. Je grimpe avec aisance. Les chemins sont larges et faciles.
Je croise quatre personnes avec deux petits shelties, un sable et un merle. Ils me rappellent Vaillant,
le colley de ma mère. Les personnes m'affirment haut et fort que ce ne sont pas des shelties, mais des
colleys du Shetland.
Ah bon ?! Qu'on m'explique la différence !
À hauteur de la Croix Rozian, j'ai une pointe de douleur sous le pied droit. Serait-ce un caillou
pointu ? Ou une ampoule ?
Trois cents mètres plus loin, comme j'approche du carrefour de la Combe aux Loups, je m'arrête tellement
j'ai mal.
Je délace ma bottine droite et je la retire. Une petite branche munie d'une épine s'est fichée dans ma
bottine ; la pique a percé la semelle et m'est entrée dans le pied.
Je la retire et j'examine le pied. Il a une petite rougeur, mais rien de sérieux.
Je suis dans le bocage bourbonnais, une région bien différente du Morvan. Elle est douce et agréable,
et beaucoup moins sauvage.
Le paysage est entièrement domestiqué par les haies, qui encadrent la plupart des chemins. Il y a beaucoup
de prairies et de vaches.
La chaleur monte, les insectes sont nombreux, notamment les mouches noires aux pattes pendantes de la Saint-Marc.
À la Croix de l'Arbre, je coupe vers Jorse.
Je ne gagne qu'un demi-kilomètre, mais c'est le jour des raccourcis. Mon organisme est fatigué et
m'enjoint de couper au court. Le chemin commence par une montée peu accusée, que la chaleur rend
pénible.
J'arrive à la Villette, peu après la Croix de l'Arbre.
Le paysage ondulé du Bourbonnais est coupé par des lignes d'arbres, d'arbustes et de haies.
Je descends sans enthousiasme vers Issy-l'Évêque. Il fait trop chaud. Un petit lézard se chauffe au soleil, il fuit devant moi. Cela ressemble plus au Midi en été qu'au Bourbonnais au printemps.
Je fais le tour du village. Il est bien équipé, il y a un peu de tout. Mais je ne trouve pas le gîte.
J'attends l'ouverture des magasins, ensuite je fais quelques achats.
Puis je téléphone à la responsable du gîte. Elle me rejoint à l'entrée de l'église et elle me conduit
au gîte.
Je suis passé deux fois devant sans le voir. Il y a même une plaque ! Peut-être suis-je fatigué, ou bien
paresseux à cause de la chaleur ?
Elle m'ouvre le gîte et tamponne ma crédenciale.
J'ai oublié de faire certains achats. Décidément je fais tout à moitié aujourd'hui. Je retire de l'argent à la banque. Quant à recharger mon portable, je le reporte à demain, quand je passerai à Diou.
En arrivant au Vival, je rencontre les deux pèlerins américains. Ils se sont retrouvés et ils campent à la sortie du village. Il y a un camping non loin du centre équestre.
Nous nous saluons comme des vieilles connaissances. Ils se plaignent de la dureté du Morvan. Je les comprends.Je réponds au message de ma mère, après quoi elle me téléphone en direct à partir du portable de mon
frère.
Je m'inquiète du coût, mais il me dit qu'il a trouvé une astuce pour que cela ne lui coûte quasi rien.
Quelques secondes plus tard, mon portable me signale que j'ai presque épuisé mon crédit.
Cette brève communication m'a coûté douze euros. Le système « économique » de mon frère me coûte cher.
Je ne peux plus réserver d'hébergement pour le moment. Mais comme j'ai réservé jusqu'aux monts du
Forez, ce n'est pas grave.
Ce qui m'inquiète, c'est que si quelqu'un chez qui j'ai réservé me demande de le rappeler, je risque de
ne pas pouvoir le faire.
Je vais une troisième fois au Vival et je recharge mon portable. J'achète aussi un Mars.
Je soupe bien, le potage est épais et nourrissant, le thon à la parisienne me goûte. Je mange aussi deux mandarines et je bois une tasse de thé.