De l'aube à l'aurore - L'ermite et le pèlerin - Anost (13 avril 2011)

Un monde à refaire

Cabo Fisterra

Anost, 13 avril 2011

Quand je suis parti il y a un mois, j'ai cessé de prendre mes médicaments quotidiens, mais j'aurais dû continuer à prendre du Daflon 500, un médicament contre l'insuffisance veineuse.
J'ignore s'il existe en France, mais il doit au moins exister un médicament équivalent.

Je reprends la route.
J'accède bientôt au calme et à la sérénité du Lac des Settons, un lieu très agréable, un endroit où j'aimerais bien vivre !

Lac des Settons La joie me gagne à la vue du barrage des Settons.

Il est tout en granit, avec sa maison du garde, sa croix, ses réverbères et ses petits retraits en pierre qui permettent aux piétons de se mettre à l'abri lors du passage d'un véhicule (il n'y a qu'une seule bande de circulation).

Le monde est petit, il est tout petit quand on marche, tout est accessible ! Tout, absolument tout ! Le monde tient dans le creux de la main.

Je longe la rive gauche du lac, ou plutôt de la Cure qui devient lac ici.

Zone marécageuse Je revois le panneau « zone marécageuse » qui m'a fait sourire.

La zone est très boueuse, mais pas vraiment marécageuse.
Aujourd'hui elle est incroyablement sèche.

Au passage, je salue des « confrères » randonneurs qui déjeunent au bord du lac.

La Grande Île

Voici la Grande Île, vue à partir de Chevigny.

Il y a quatre ans je l'avais aussi prise en photo ; peu après un orage m'a complètement trempé.
Cette fois, je la vois sous un ciel limpide et paisible.

Mon guide du GR 13 (qui date de 1977) signale qu'après Grosse le chemin traverse des chablis et est mal tracé.

Je rencontre un groupe de baliseurs, des collègues. Aujourd'hui ils balisent jusqu'à Anost, là où je vais dormir. Cela représente une sacrée distance à baliser.

En fait le chemin est bien tracé. En plus, il n'y a pas de chemins remplis de cailloux et de gravillons comme hier. Je progresse rapidement.

Ornières boueuses 1 Les machines de bûcheronnage sont des monstres qui détruisent complètement les chemins.

Voilà ce qu'il subsiste d'un chemin au-dessus des Rats, après le ruisseau des Ais et avant la départementale 294.

La vallée du Vernay À hauteur de la départementale, j'observe la vallée du ruisseau de Vernay non loin de la Grange Vermoy.

L'endroit est agréable, frais et accueillant. Je me sens bien.

Les choses se gâtent après la Grange Vermoy.

Ornières boueuses 2 De grosses machines ont complètement détruit le chemin.

Je marche dans une boue profonde et abondante.

La passerelle, rudimentaire selon le guide de 1977, a disparu, il faut franchir le ruisseau de Vernay à gué. Heureusement qu'il fait sec, car c'est limite.
Je profite de l'eau du ruisseau pour retirer la boue de mes chaussures.

Arbres en travers su chemin La forte montée qui suit est envahie par les chablis.

J'emprunte des semblants de sentiers qui contournent les troncs et je passe de temps à autre à travers tout.
Je zigzague entre les ronces pour contourner les chablis.

Ensuite le chemin devient globalement meilleur. Les cailloux et les gravillons le dégradent par endroits, avec un risque de chute ou d'entorse. C'est en particulier le cas dans la longue descente vers Joux.

Ruisseau du Pré Riolot Je passe sur un petit ruisseau non loin d'une petite chute d'eau peu avant Joux, au Pré Riolot.

Fleurs à l'entrée de Joux Des fleurs m'accueillent à l'entrée de Joux.

Le printemps bouillonne, on se croirait en mai.

Nous ne sommes qu'au début de décennies qui vont connaître des climats de plus en plus perturbés, ce qui aura des conséquences catastrophiques pour l'agriculture, l'élevage et l'alimentation.
Tout cela, parce qu'on épuise toujours plus les ressources non renouvelables de la planète !
La nature a créé l'animal fou par excellence !

J'arrive à Anost assez frais. Il est trois heures moins le quart. Ma progression n'est pas rapide, mais les chemins sont fatigants.
Je coupe ma balise, je vérifie mes bottines, elles n'ont rien, pas même un soupçon de boue. Dans le Morvan ! C'est incroyable !

Je vais chez le pharmacien et j'achète des vitamines, des boules Quiès et du Daflon 500.

Je toque à la porte du gîte. Quelqu'un travaille à l'étage. Il ne semble pas m'entendre. Je vais m'asseoir un peu plus loin.
J'en profite pour préparer l'étape de demain et rédiger mon carnet de bord.

Je vois arriver un des deux pèlerins américains avec qui j'ai dormi à Auxerre. C'est le barbu, le plus communicatif. Il cherche une boulangerie. Je la lui indique, mais je lui signale qu'elle n'ouvre qu'à quatre heures, dans dix minutes.
Il va devant le magasin et attend l'ouverture.

Comme il revient, je lui demande où est son compagnon. Il me dit que celui-ci a continué sur le chemin, mais il a bon espoir de le rejoindre.
Il aurait préféré s'arrêter au camping du pont de Bussy, non loin d'ici, mais son compagnon veut aller plus loin.
Je le vois reprendre la route, éprouvé par la chaleur, avec son sac à dos énorme.

Je toque à nouveau au gîte, mais personne ne répond. Quelqu'un tape toujours au marteau à l'étage.
Je vais à l'hôtel Fortin, il n'y a personne.
Je vais à la pizzeria Fortin, mon hôtesse m'accueille.
Elle m'explique que le gîte est en réfection et qu'elle va me loger dans l'hôtel au tarif pèlerin. Je la remercie et je m'installe.

Le soir je mange dans sa pizzeria un bon repas bien arrosé de vin. Je vais dormir.
Mon nez saigne. Le médicament de Reims fait à nouveau merveille. Je nettoie mon mouchoir rempli de sang.
Il fait bon dans la chambre. Je dors bien.