Terradillos de los Templarios, 14 juin 2011
Me voici au premier jour de mon quatrième mois de marche.
Peu avant sept heures j'arrive à l'albergue dans laquelle mes compagnons ont passé la nuit. Ils déjeunent.
Nous partons à sept heures et quart.
Nous débutons par cinq kilomètres de bitume. Anne-Marie marche aussi vite que nous bien que ce soit
son premier jour. Devant et derrière nous s'étend une file sans fin de pèlerins.
Ici la Castille est plate.
Les ondulations ont cédé la place à cette horizontalité que je n'aime pas trop.
Après le bitume, ce sont douze kilomètres d'un chemin caillouteux le long d'une rangée d'arbres trop éloignés ou trop jeunes pour procurer de l'ombre. Quand je serai centenaire, je reviendrai ici pour en profiter.
Le ciel est bleu tout au long de l'étape à l'exception de deux passages de cumulus de beau temps. Rapidement il fait chaud bien qu'un petit vent d'est-nord-est nous rafraîchisse un peu.
De part et d'autre du chemin, les champs couvrent une meseta plate à l'infini. On y cultive surtout du froment.
J'essaie sans succès de photographier des bleuets.
Et voilà, j'ai réussi à en photographier deux.
Il y en a beaucoup le long du camino.
Nous participons à la procession des pèlerins sur la meseta.
Ici, pas besoin de balises ! La file des pèlerins suffit à nous guider.
Sur les dix-sept kilomètres qui séparent Calzadilla de la Cueza de Carrión de los Condes, il n'y a pas un seul village.
Nous mangeons au seul bar de Calzadilla, le « Real Camino ». Il fait très chaud.
Anne-Marie a une ampoule et Pierre lui met un Compeed.
C'est éprouvés par la chaleur que nous arrivons à Terradillos de los Templarios.
Pierre soigne les pieds d'Anne-Marie.
Après la sieste je constate qu'on a pris un risque en décidant d'aller jusqu'à Calzadilla de los Hermanillos demain. Il y a vingt-deux places dans l'albergue et nous sommes cinq. Et comme il y a beaucoup de pèlerins, les places seront comptées.
Par conséquent, nous achetons le déjeuner de demain et nous décidons de partir à six heures demain matin afin de ne pas arriver trop tard à Calzadilla de los Hermanillos.
Nous allons dormir tôt.
Des Allemands reviennent vers dix heures et n'arrêtent pas de rire et de plaisanter. André tente
en vain de les faire taire.
Vers onze heures, ils cessent enfin.
Après quoi, l'un d'eux se met à ronfler bruyamment. Tout le bâtiment vibre, tous les chiens du
village se mettent à aboyer, je les soupçonne d'entendre notre ronfleur.
Tout le monde veille, les chiens et les êtres humains, dans le village et dans le dortoir ! Enfin
non, pas tout le monde ! Un bienheureux ronfleur dort la paix dans l'âme.