Nasbinals, 5 mai 2011
Hier, Céline, Floriane, André et moi, qui partageons la même chambre, avons décidé de nous lever à
six heures un quart. J'en profite pour me lever à six heures et laisser les installations
sanitaires libres pour mes compagnons pèlerins.
Il est bien loin le temps où je disposais du gîte pour moi tout seul.
Nous sommes longtemps les seuls à déjeuner.
André part avant moi.
Le chemin ne présente pas de difficultés, mais j'avance lentement. Je ressens de la fatigue suite à ma courte nuit. Nous sommes allés dormir tard hier.
J'arrive à la Chaze-de-Peyre derrière deux pèlerins.
Je rencontre souvent des pèlerins en cours d'étape.
Dans la Chaze-de-Peyre, un border collie m'avertit que je dois laisser passer le troupeau de son maître.
Il prend son travail très à cœur. En aucun cas je n'oserais franchir la limite qu'il me fixe, d'autant qu'il est dans son droit.
Je traverse le Riou Frech.
La photo montre l'aval. En amont, il y a un captage et un barrage.
Malgré la pluie d'avant-hier, les étiages sont bas et les sols sont plus secs que d'habitude au printemps.
Je passe aux Quatre Chemins, près du bar-restaurant de Régine, ou plutôt du petit préfabriqué qui le remplace depuis que le bar a brûlé. J'aperçois brièvement Patrick. Comme le petit bar est bourré de monde, je préfère poursuivre mon chemin.
Peu après mon passage, un pèlerin sort de chez Régine, il me hèle de loin. Visiblement il me prend
pour quelqu'un d'autre.
Alex est grand et marche comme un gladiateur. Il me dépasse en coup de vent et me demande si je n'ai
pas vu sa femme. Il poursuit sa route à belle allure.
Je me dis que si sa femme est derrière nous, au train où il va, il ne va jamais la retrouver.
Ce pays est une terre à tourbières.
En voilà une près du ruisseau de la Planette. Elle est particulièrement sèche.
Dans les paysages vastes et désolés de l'Aubrac, sur la butte de la Rimeize, un troupeau de vaches paît entre les rochers.
Le moulin de la Folle (ou de la Fouolle) est une ancienne bâtisse rénovée, devenu un gîte de séjour relativement cher dans une région, il est vrai, superbe.
En contrebas du moulin de la Folle, le chemin est complètement inondé sur trente mètres.
Je passe sur le côté puis je traverse le cours d'eau en marchant sur des pierres.
Souvent le chemin est bordé de murets en pierres.
On en voit, notamment, en montant le long du Puech del Mouli.
Je n'ai aucune difficulté à trouver le chemin, je suis guidé comme dans des rails.
L'Aubrac, fière et désolée, peu avant la ferme des Gentianes.
Le sol pierreux et l'herbe courte de l'Aubrac avec ses douces ondulations, peu après Finieyrols.
Les trois photos suivantes, je les ai prises au roc des Loups, un lieu un peu plus élevé (1.257 mètres).
J'y retrouve André et Michel, qui marchent ensemble. Ils ont décidé de faire une halte. Je poursuis ma route d'un bon pas.
Le chemin descend après avoir longé le Puech Redoun. Peu après j'arrive sur une route bitumée.
Au début de la route bitumée, je passe sur le ruisseau de la Peyrade.
Je vois de très gros blocs de pierre peu avant Rieutort-d'Aubrac.
Ils sont bien trop gros pour être transportés jusqu'à la Cruz de Ferro.
Les pierres ne manquent pas en Aubrac, j'en vois partout, et de toutes les tailles.
Le pont sur le Bès annonce la départementale 900 qui va à Nasbinals. J'approche du terme de l'étape.
Ici, à la sortie de Montgros, les vaches se veulent « alpestres ». Elles paissent sur un versant abrupt.
Le village de Nasbinals est une sorte de métropole dans ces espaces dépeuplés.
J'entre dans la localité à une heure. Ma moyenne sur l'étape frise les cinq kilomètres par heure et pourtant j'ai l'impression de me promener.
Je tâtonne « un peu » avant de trouver le gîte. En fait je tourne dans le village pendant trois kilomètres. Je le fais un peu exprès, mes jambes ont envie de marcher, elles n'ont pas eu leur content de kilomètres et font de l'excès de zèle.
Je suis seul dans un grand gîte. Je m'installe.
J'ai une petite blessure au gros orteil du pied droit. C'est minuscule, mais c'est l'occasion
d'essayer l'éosine que j'ai achetée à Vitry-le-François.
Cela vire rapidement à la catastrophe. L'éosine coule sous l'orteil et perce ma chaussette. En
marchant, je dépose des taches rouges d'éosine un peu partout. Je nettoie tout avant que les
pèlerins n'arrivent.
Après quoi je jette l'éosine et j'emploie la pommade cicatrisante de mes saignements de nez pour mon
infime petite blessure.
Je tente de réserver des gîtes, mais le réseau GSM ne prend que les appels urgents.
J'achète un vaporisateur contre les punaises.
Et je me repose.
Plus tard nous nous retrouvons entre pèlerins autour d'un verre de bière.
Patrick souffre de plus en plus des pieds. Il ne veut rien retirer de son sac parce qu'il prétend que le poids du sac n'y est pour rien. Il croit qu'en mettant des semelles, cela ira mieux. Nous sommes tous d'avis qu'il ferait mieux d'alléger son sac, mais il reste sur sa position.
Robert, lui, a perdu sa polaire. Patrick lui a prêté une ancienne veste de gendarmerie. Par conséquent certains pèlerins le prennent pour un ancien gendarme. Nous l'appelons « le faux gendarme ». Est-ce plus clair ? Sinon tant pis !
André me qualifie de « TGV » suite à ma descente après le Roc des Loups. En fait ce sont mes jambes qui décident. Si elles veulent marcher, je les laisse aller. Sinon je flâne. J'arriverai toujours bien à l'étape.
Je reviens au gîte. La responsable passe ; je la paie et elle tamponne ma crédenciale.
Quand j'entre dans ma chambre, je vois Noam, sa grand-mère et le couple qui les accompagne. Noam et
sa grand-mère continuent jusqu'à Aubrac, où on viendra les chercher.
Ils ont eu de la chance de trouver de la place ; je croyais que tout était pris à Nasbinals. Par ailleurs,
dans notre gîte, il y a une chambre de cinq personnes, qui risque de ne pas être occupée, car les
pèlerins ne sont toujours pas là.
Je retrouve les « trois mousquetaires », les frères Jaubard, dont j'ai fait la connaissance à Saugues.
Le soir, je vais manger au restaurant La Bastide, conseillé par une pèlerine. Le repas est plus que copieux. Je mange trop, je bois trop de vin.
Quand je reviens au gîte, la chambre de cinq personnes est toujours vide. Le responsable du gîte n'apprécie guère, car il a dû refuser du monde. Il s'agit de cinq cyclistes et ils ont signalé que l'un d'eux ne viendra pas.
Je vais dormir à dix heures, c'est bien trop tard. Et en plus je dors mal parce que j'ai trop mangé.