De l'aube à l'aurore - Désolation - Chagrin

Un monde à refaire

Monument de Lidice


Qui parlera du reflet du soleil sur ma latte ce soir ?

Qui chantera les passions identitaires inutiles,
les idéaux d'ordre et de paix de naguère,
les colères et les joies des avenirs radieux,
les morts pour des causes oubliées et
les trompeuses rêveries qui hantent les cimetières ?

Qui dansera la valse lente de l'honnête homme d'antan,
le deuil des parents devant l'enfant innocent,
les illusions perdues des amours d'autrefois,
les pas des marcheurs égarés dans les marais,
les pages tournées, les actes vains et les années perdues ?

Qui écrira une symphonie pour les morts inutiles,
pour l'enfant orphelin — mais pourquoi orphelin ? —,
pour la montagne silencieuse à l'approche de la nuit,
pour la joie disparue et pour l'effondrement du monde ?

Pourquoi notre soleil va-t-il s'éteindre ?
Pourquoi faut-il que l'ombre s'étende à l'infini ?
Parfois, je rêve qu'un rien nous aurait rendus heureux.

Qui pleurera mon chagrin dans la ville désenchantée
au milieu des gens pressés qui ont la science infuse,
qui ne prennent plus le temps de réfléchir et
qui ternissent le soleil de crainte de voir les couleurs ?

Francis Gielen