Haillot, 4 juillet 2011
Le train s'arrête une demi-heure à Bordeaux. Je me dis que sur le réseau français, il y a aussi de longs arrêts en gare. Il a fallu quatre heures douze minutes pour aller d'Hendaye à Bordeaux (cent nonante kilomètres).
Après Bordeaux, il roule plus régulièrement et nous arrivons à la gare d'Austerlitz avec seulement un quart d'heure de retard. Nous trouvons facilement la ligne de métro 5 vers Bobigny-Pablo Picasso, qui nous mène à la gare du Nord. Nous nous séparons.
J'erre quelque peu avant d'aller prendre un billet pour Andenne. L'employé me conseille une formule bon marché pour les seniors sur un « faux » Thalys Paris-Bruxelles. Il fait mon billet très vite et très bien, il est très professionnel.
Mon train part à neuf heures une, ce qui me donne le temps de prendre « un bocadillo con queso y un café con leche ». Puis je me rappelle que je suis à Paris et je commande un « petit déjeuner ».
J'envoie un SMS à mon frère pour lui signaler que si tout se passe comme prévu, je serai à la gare d'Andenne à midi et quart.
Le voyage de Paris à Bruxelles se déroule à toute allure, je n'ai pas vu passer la frontière. Mes douleurs lombaires me signalent que je suis assis depuis trop longtemps dans des bus et des trains.
À la gare du Midi, j'ai juste le temps de changer de train. Comme j'entre dans la voiture, un accompagnateur parcourt le couloir central en se lamentant : « C'est la Berezina... c'est la Berezina ! »
L'instant d'après, des mouvements de jeunesse envahissent la voiture avec au moins trois scouts par place assise. Il est vrai que c'est le train pour les Ardennes et que nous sommes le lundi quatre juillet, j'aurais pu y penser.
À Namur, j'ai bien du mal à me frayer un chemin entre tous ces adolescents.
Derrière moi une dame à demi-affolée ne cesse pas de m'envoyer des coups de pied en me
demandant si je descends ici.
J'ai beau lui affirmer que je descends, elle reste tout autant affolée et continue à m'envoyer des
coups de pied.
Dès que je suis sur le quai, je dois courir, car mon train a du retard et l'omnibus pour Andenne est de l'autre côté de la gare.
Le retour en bus et en train aura été le moment le plus éprouvant de mon pèlerinage.
Mon erreur fut de ne pas revenir à pied !
L'aventure commence à l'aurore
À l'aurore de chaque matin
[...]
Tous ceux que l'on cherche à pouvoir aimer
Sont auprès de nous et à chaque instant
Dans le creux des rues dans l'ombre des prés
Au bout du chemin au milieu des champs
Debout dans le vent et semant le blé
Pliés vers le sol saluant la terre
Assis près des vieux et tressant l'osier
Couchés au soleil buvant la lumière.
Merci « passaint » Jacques Brel
Au moment de laver mon sac à dos, je découvre qu'il y a une espèce de sac dans la poche inférieure.
En fait, mon sac a une protection imperméable semblable à celle que j'ai vue sur les sacs de mes
compagnons à Cardeñuela Riopico.
J'aurais pu utiliser des sacs en tissu comme le pèlerin que j'ai croisé à Arthez-de-Béarn. Cela m'aurait
épargné bien des problèmes avec ces sacs bruyants.
On apprend tous les jours.
Le camino continue, il dure toute la vie...