Hontanas, 11 juin 2011
Je me lève tôt, je me lave et je range mon sac à dos.
Je remplis ma bouteille avec de l'eau du robinet, je compte passer à la « panadería » (boulangerie)
du village et j'attendrai mes compagnons à Hornillos del Camino.
L'alarme incendie se met en route. Je prends mon sac à dos et je quitte la chambre. L'alarme s'arrête. Je reviens dans la chambre et j'attends sept heures, l'heure prévue pour le déjeuner.
Je m'accoude à la fenêtre et j'observe les cigognes.
Elles sont aussi nombreuses que les hérons cendrés dans certains coins des Ardennes et du grand-duché de Luxembourg, elles se promènent un peu partout dans le village.
À sept heures vingt, le patron n'est toujours pas là. Même s'il vient dans cinq minutes, il lui
faudra du temps avant qu'il puisse me servir.
Je sors pour voir s'il arrive, le village est très calme, rien ne bouge.
Je veux rentrer dans l'hôtel, mais la porte ne s'ouvre pas.
Je suis « enfermé dehors » et j'ai la clef de la chambre avec moi. Je fixe la clef près de la serrure
du rideau métallique de sécurité et je mets un mot pour dire au patron que je suis parti.
Je vais à la panadería, elle est fermée.
Je m'éloigne lentement de l'hôtel et d'aussi loin que je regarde, le patron ne vient toujours pas.
Peu après Tardajos, le haut plateau de la meseta se dresse devant moi.
Je marche lentement, car je veux donner à mes compagnons l'occasion de me rejoindre. Chaque fois que je téléphone à André, j'obtiens un message d'erreur.
J'arrive à Rabé de las Calzadas à huit heures.
À l'entrée du village, deux flèches jaunes dirigent vers un musée, ce qui risque d'induire en erreur
pas mal de pèlerins !
D'après mon miam-miam dodo de 2009, il n'y a ni albergue, ni bar, ni restaurant ici. En fait il n'en est rien.
Je déjeune dans un bar, et c'est une de mes meilleures rencontres. Le patron est accueillant, disponible et passionné du camino. Le petit déjeuner est bon et copieux. Le patron me donne une petite médaille de la Vierge en souvenir.
À la sortie de Rabé de las Calzadas, des flèches jaunes vont dans toutes les directions.
En fait elles conduisent à un albergue, à un bar ou à autre chose. C'est un peu perturbant.
Le chemin monte sur la meseta, les coquelicots enchantent le chemin.
Je flâne plus que je marche.
Je vois un pèlerin espagnol avec un labrador. Ils logent sous tente dans la cambrousse. En Espagne,
les chiens ne sont pas admis dans les gîtes et les hôtels.
Je lui souhaite un « buen camino a Usted... » (bon chemin à vous...), et j'ajoute « y a su perro »
(et à votre chien), ce qui le fait sourire.
Du haut de la meseta on voit loin. Le village au bout du chemin est Hornillos del Camino.
J'entre dans le village à dix heures.
Je jette un coup d'œil à l'albergue, au cas où mes compagnons voudraient s'arrêter ici. Il me semble
très convenable.
Je vais à la « tienda » (magasin) qui se trouve à l'entrée du village et j'achète des rations de
« survie », raisins secs et bâtons de céréales.
Je m'assieds et j'attends patiemment mes compagnons.
À onze heures, je décide de remonter le chemin.
Des pèlerins me demandent si je reviens de Compostelle. Pour rire, je leur dis d'abord oui, puis je
leur explique brièvement.
À onze heures et demie, je reviens à la tienda.
À midi je téléphone à André et je reçois un message qui me demande de quoi il s'agit ; j'envoie un SMS.
Sur ces entrefaites, mes compagnons arrivent. Ils veulent pique-niquer dans le village. Je leur indique un bon endroit près de l'église. J'achète deux sandwiches et je les rejoins.
Je demande à André s'il n'a pas un problème avec son portable ; il me dit qu'il n'a rien remarqué d'anormal.
Mes compagnons comptent loger à Hontanas.
Nous marchons d'un bon pas.
Pierre, qui a déjà fait le pèlerinage me dit qu'on voit Hontanas au tout dernier moment.
Je prends de l'avance et je constate que c'est exact.
Je fais demi-tour et je rejoins mes compagnons.
Cette manœuvre bizarre provoque de la confusion chez deux pèlerins qui me suivent, un espagnol et un
italien, qui croient que nous nous sommes égarés. Je les détrompe, mais ils se mettent à discuter
entre eux et ils examinent leur topoguide.
Nous allons à l'albergue.
Après la lessive, nous trions le linge. André a deux chaussettes avec des dessins identiques, une en
taille 39-41 et l'autre 42-44. Paul aussi. Il doit y avoir eu un échange de chaussettes au
cours d'une lessive précédente.
Le numéro du portable d'André est faux, j'ai lu un neuf au lieu d'un un. Je reçois un SMS d'un inconnu qui me demande ce que je lui veux. Je lui envoie un SMS pour lui dire que c'est une erreur de numéro.
Je fais un petit tour dans le village.
Un petit chat blanc me regarde, un cousin de celui d'Assesse et de ceux de La Romieu.
Je propose de participer à la caisse commune, mes compagnons sont d'accord.
Dans la pièce contiguë au dortoir, des pèlerins de toutes nationalités chantent et crient dans
toutes les langues, mais cela ne dure qu'une heure.
Je dors bien.