Saint-Jean-Pied-de-Port, 1er juin 2011
Je déjeune à sept heures. Je rends ses sandales à mon hôte et je le remercie beaucoup. Je lui paie mon hébergement et je m'en vais. S. vient de partir.
Je marche d'un bon pas. Mes jambes sont en pleine forme et je ne peux pas leur refuser ce plaisir.
Je passe devant le gîte Gaineko Etxea. Des pèlerins en sortent, mais je ne vois pas Alain. Il part en général très tôt et il marche vite, il doit être loin devant moi, je ne le rattraperai pas.
Je dépasse beaucoup de pèlerins, je les salue au passage et j'échange quelques mots.
Je pense que je vais rejoindre S. et voir comment il (ne) marche (pas). Mais nulle part je ne vois trace de lui. Personne ne l'a vu passer.
Le temps est agréable, frais, plutôt beau, mais avec des nuages. Il y a un peu de vent, mais pas de pluie.
Je dépasse les trois mousquetaires, les frères Jaubard.
À l'entrée de Gamarthe, j'observe les montagnes et les prémontagnes des Pyrénées.
À demain nous deux !
Dans Gamarthe, le GR fait un détour pour passer devant l'église.
À Mongelos, je retrouve brièvement la grand-route. Je la quitte pour aller à Saint-Jean-le-Vieux par Bussunarits.
Beaucoup de pèlerins suivent la grand-route. Je ne voudrais pas être à leur place, car les voitures roulent très vite.
Et puis j'aime passer dans les villages, voir les paysages, et me colleter avec les montées et les descentes.
Un berger « moderne » guide son troupeau de moutons avec sa voiture.
Le château d'Apat est une ancienne maison forte.
À Saint-Jean-le-Vieux, je remplis ma bouteille d'eau.
Ensuite je dépasse des pèlerins que j'ai dépassés en début d'étape. Ils sont passés devant moi en coupant par la grand-route. Les retrouver et les saluer de nouveau m'amuse.
J'arrive à Saint-Jean-Pied-de-Port peu avant midi.
La porte Saint-Jacques est l'entrée principale des pèlerins.
L'église Notre-Dame, avec son clocher qui surplombe un passage couvert, se trouve au bas de la rue de la Citadelle.
De l'autre côté, on aperçoit le pont Notre-Dame et la rue d'Espagne.
Ah ! Déjà l'Espagne !
Et voilà le principal pont sur la Nive, celui qu'emprunte la départementale 933 !
Je retrouve Alain au bar de Navarre et je prends un verre avec lui. Il compte rester un jour ici pour bien visiter la ville.
Puis je vais au gîte, qui se trouve à Portelaburu, un kilomètre au sud de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Il y a un vent terrible et des nuages menaçants.
Vers cinq heures et demie, je descends à Saint-Jean-Pied-de-Port pour faire quelques achats.
Je cherche le gîte d'Alain, mais je ne le trouve pas.
Je reviens au gîte.
Je négocie pour pouvoir déjeuner à six heures. Mon hôte prétend qu'il fait encore nuit à cette heure.
Depuis le temps que je pars plus tôt !
Je le paie et il tamponne ma crédenciale.
Je lui demande son avis sur le temps qu'il fera en montagne demain.
Il me dit que ceux qui sont montés lundi ont eu du beau temps au départ, mais un violent orage en
altitude, que ceux qui sont montés mardi ont été trempés jusqu'aux os et qu'hier il y a eu des
nuages et du brouillard, mais que cela allait.
Selon lui, demain je pourrais avoir le même temps, mais il y a un sérieux risque de pluie. Mon hôte
ajoute que le temps est imprévisible en montagne.
Je pense à André. Quand a-t-il traversé les Pyrénées ? Le plus vraisemblable, c'est mardi, le jour de la pluie !
Demain, ce sera le jour de l'ascension, et aussi le jour de l'Ascension.
Dans la très catholique Espagne, le jeudi de l'Ascension n'est pas férié. Les Espagnols fêtent
l'Ascension le dimanche qui suit. Demain les magasins seront ouverts en Espagne.
Le gîte est complet. Il y a deux groupes et des particuliers.
Il n'y a que deux pèlerins et deux pèlerines. Nous nous retrouvons en petit comité à une table. Les
autres ont droit à un meilleur repas que nous, ce qui nous donne l'impression d'être mis à l'écart.
Les deux pèlerines font le camino par tronçons. La dernière fois, elles se sont arrêtées à Roncevaux. Comme Saint-Jean-Pied-de-Port est mieux desservi par les transports en commun, elles repartent d'ici et traverseront une deuxième fois les Pyrénées.
Mon compagnon de chambre, Bernard, est un anxieux.
Il est arrivé tard, après avoir souvent téléphoné à notre hôte parce qu'il n'était pas sûr d'arriver,
puis parce qu'il n'était pas sûr de trouver le gîte. Notre hôte est finalement allé le chercher à
Saint-Jean-Pied-de-Port.
Il pense qu'il ne pourra pas faire la montée en une fois, il veut la couper en trois parties et faire
étape à Honto et à Orisson. Il téléphone pour réserver, mais les gîtes sont complets. Il envisage
d'abandonner.
Dès son arrivée, il m'a plaint parce que je risquais de mal dormir, vu qu'il ronfle beaucoup.
Un rien le tracasse. Je ne parviens pas à le rassurer ni à lui redonner confiance en lui.
Je reste longtemps à observer les splendides taches de couleur que le soleil couchant répand sur le paysage.
Je m'en emplis les yeux, je m'en imbibe le corps.