Livinhac-le-Haut, 10 mai 2011
Tout le monde (ou presque) se lève vers six heures, ce qui m'enchante parce que d'habitude nous ne sommes que quelques-uns à être très matinaux.
Beaucoup de pèlerins ont décidé d'aller par Noailhac pour éviter des montées et gagner deux
kilomètres. Plusieurs d'entre eux ont même l'intention de couper au court vers Livinhac-le-Haut
en évitant Decazeville.
Pour ma part je reste fidèle au GR 65. C'est plus long et plus vallonné, mais il y a moins d'asphalte.
La distance ne me gêne pas, j'apprécie les tours et détours du GR depuis que je marche avec
aisance.
Je traverse le pont sur le Dourdou, à la sortie de Conques.
Au sommet de la côte je rejoins un petit groupe de pèlerins qui comprend notamment Gaby et Christian « casquette jaune ».
Peu après nous nous séparons. Je prends le GR 65 vers les Clémenties tandis qu'ils prennent la variante par Noailhac. Ils me disent qu'ils comptent éviter Decazeville et couper au court vers Livinhac.
Je me retrouve seul à courir les montées et les descentes du GR sur des chemins en pleine nature. J'ai plus d'intérêt pour la nature que pour les édifices, les routes et les maisons.
Le chemin est très agréable. Il est souvent ombragé, ce qui est appréciable vu la chaleur.
Comme je sors du ravin du ruisseau de Moulidies pour aller vers la départementale 606, je découvre une balise que quelqu'un a embellie en y dessinant un petit oiseau qui chante.
Moi aussi j'ai envie de chanter.
À Eyniès, je rencontre enfin un pèlerin. Il s'agit de Robert, le faux gendarme.
Il a pris le même itinéraire que le mien, je ne sais pas pourquoi. Lui non plus ! Son sac est lourd, il peine dans les côtes. Je lui souhaite « bon chemin » et je vais de l'avant.
Une passerelle enjambe le ruisseau de la Brousse.
Le calme et la nature sont propices à mes ruminations. Cela me renforce dans la conviction que je préfère « pérégriner » seul.
À Prayssac, je photographie un panorama en direction de Plantevigne.
J'ai agrandi le village, qui est à gauche sur le panorama.
Un demi-kilomètre après Roumégoux, j'arrive à la départementale 580.
Le GR 65 emprunte la grand-route en direction de Conques sur deux cents mètres, puis prend à droite
un chemin vers Decazeville.
À ce carrefour, quand on vient de Noailhac et qu'on veut aller à Livinhac sans passer par Decazeville,
il faut prendre le GR 65 à contresens et suivre un panneau en direction de Conques, ce qui est
dissuasif quand on vient de Conques.
Pas un pèlerin ne le fait. Ils vont tous vers Decazeville.
Je ne vais pas demander à chacun s'il veut vraiment aller à Decazeville, mais cela m'étonnerait qu'ils le veuillent tous. Par ailleurs, la variante qui coupe au court vers Livinhac-le-Haut n'est pas balisée.
Je dépasse Christian « Casquette jaune » qui peine, car il fait chaud et l'étape est longue. En outre un de ses pieds lui fait mal.
Peu avant Decazeville, au-dessus de Saint-Michel, il y a une colline en forme de pointe.
À l'étape je pourrai parler à Michel du « Mont-Saint-Michel », je l'ai vu !
J'arrive à Decazeville peu avant midi.
Un drapeau occitan trône à l'intérieur d'un bar. C'est Gaby. Pour le taquiner, je m'obstine à
appeler son « oriflamme » le drapeau du Pas-de-Calais.
J'entre dans le bar, il est avec un autre pèlerin. Je les salue. Il attend Christian
« casquette jaune ». Je lui dis qu'il arrive. Je mange un sandwich et je bois une bière avec eux.
Sur ces entrefaites Christian arrive et mange avec nous.
Je repars d'un bon pas.
Une haute butte sépare Decazeville de Livinhac. Je me sens en forme et j'avale une rude montée à belle
allure, après quoi je dévale une pente raide vers le Lot.
Je traverse la rivière et j'arrive à une heure et demie à Livinhac.
C'est trop tôt pour le gîte.
J'y dépose mon sac et je monte à la place du village où je prends un Schweppes. En fait le bar est fermé,
mais la tenancière me voit et m'en prépare un.
Je vais au gîte communal et je n'y trouve pas Gaby. Pourtant il aurait dû s'y trouver puisqu'il est parti pendant que je faisais des achats à Decazeville.
Je prépare l'étape de demain, je confirme la réservation pour Figeac et je rédige mon carnet de bord.
Je veux réserver pour les 16, 17 et 18 mai, mais le système GSM ne prend plus que les appels urgents. Je ferai mes réservations demain, à Figeac, où le système GSM fonctionnera mieux, car c'est une ville importante.
Je vais au gîte, je prends une douche et je trie mon linge. Mon hôtesse me fait ma lessive en échange
de mes sacs de congélation et de mes Coton-tiges (j'en ai trop pour mes besoins).
Elle suspendra elle-même mon linge.
À quatre heures et demie, trois autres personnes arrivent au gîte. Il reste deux places libres, ce qui me surprend un peu vu la difficulté à réserver.
Je rejoins mes compagnons au gîte communal.
Ils attendent la responsable, qui n'arrive qu'à six heures. Le résultat, c'est que quasi personne ne se
rend à l'accueil des pèlerins qui a lieu aux mêmes heures, entre cinq et six heures et demie.
Je demande des nouvelles d'André et de Michel. Un pèlerin me dit qu'André a du mal à faire les descentes avec son problème de genou et qu'ils se sont arrêtés dans un gîte sur la butte qui sépare Decazeville et Livinhac, entre la chapelle Saint-Roch et Bégat.
Je reviens au gîte et je visite l'exposition photos de notre hôte.
Au souper, nous parlons des pèlerins, du pèlerinage et de Régine (voir l'étape du cinq mai, d'Aumont-Aubrac à Nasbinals).