De l'aube à l'aurore - L'ermite et le pèlerin - Bessy-sur-Cure (8 avril 2011)

Un monde à refaire

Cabo Fisterra

Bessy-sur-Cure, 8 avril 2011

Finalement, en dépit de l'agitation et du bruit, j'ai plutôt bien dormi.
À six heures je n'y tiens plus, je me lève, je prépare mon sac dans l'obscurité et je m'en vais.
Je sors du gîte à sept heures moins le quart. Le soleil n'est pas encore levé, mais la clarté est suffisante pour voir les balises.

Lever de soleil J'ai la chance d'assister à un lever de soleil superbe au-dessus d'Auxerre.

Comment ne pouvons-nous pas nous contenter d'admirer de telles merveilles, nous petits animaux de cette petite planète ? Quelle folie nous fait inventer des dieux et d'autres mondes que le nôtre ?
Vivons pleinement et simplement notre courte vie comme elle nous est venue sans nous gargariser de contes et de songes qui témoignent de notre pauvreté d'esprit quand on les compare à la richesse du réel !

Le monde est beau. N'est-ce pas qu'il est beau ?!

Cette fois, je le sens, le monde entier m'accompagne, il veut que j'aille à Vézelay, il veut que j'arrive à Fisterra. La sensation de participer à l'harmonie universelle du monde me submerge de joie. Je marche d'un pas allègre.

J'arrive à huit heures et demie au centre commercial de Champs-sur-Yonne. La grande surface ouvre à neuf heures. Heureusement il y a une boulangerie ouverte. Je prends quelques couques et je déjeune.

Puis je monte dans les vignes. C'est une suite de montées et de descentes, un vrai « fatigue-pattes », une préparation utile au Morvan, aux monts de la Madeleine et à ceux du Forez.
La chaleur montante rend la marche peu à peu pénible.

Au col de Crémant, deux motards me dépassent en me faisant de grands signes d'amitié. Je constate ensuite qu'ils suivent fidèlement le GR 654, un chemin de randonneurs !

Je peine en arrivant à Irancy. Je devrais me reposer, mais je continue jusqu'à Cravant. Au plus tôt j'en aurai fini avec les montées dans les vignes exposées au soleil, au moins j'aurai à subir la chaleur, car la fin de l'étape est boisée.

Entre Irancy et Cravant, il y a la butte de Belle Vue. Le sentier est rempli de pierres et de cailloux. Les pieds n'apprécient guère et me font de plus en plus mal.

Cela me mène à une descente très raide dans un cailloutis qui roule en tous sens. Les motards ont dû passer par un autre chemin.
C'est tellement dangereux que je passe le long des vignes. À plusieurs reprises, j'évite la chute de justesse. Je ne suis pas le premier à préférer marcher dans le vignoble plutôt que sur le chemin !

La fontaine de Cravant La fontaine de Cravant me procure un peu de fraîcheur.

Bien que nous soyons le huit avril, il fait chaud comme en été. Cela ne prouve pas le réchauffement climatique, mais c'est perturbant quand même.
À Cravant je trouve un magasin d'alimentation, j'aurai de quoi manger ce soir.

Le donjon de Cravant Le massif et impressionnant donjon de Cravant fut la prison de l'évêché d'Auxerre.

Il faisait partie des fortifications de la ville. Son entrée, qu'on ne voit pas sur la photo, est une tour octogonale.

Je pousse mon effort jusqu'à Accolay, qui n'est plus qu'à deux kilomètres du chemin boisé qui longe la Cure et qui me mettra à l'abri de la « canicule d'avril ». Cela dit, c'est tout sauf une canicule, car si les journées sont chaudes, les nuits restent fraîches.

À peine ai-je emprunté la nationale six qu'une voiture me frôle au millimètre près. Elle roulait incroyablement vite.

C'est typiquement le cas de la voiture qui dépasse sur une route à deux bandes : elle frôle le piéton qui marche à gauche et ne la voit pas venir.
Beaucoup de conducteurs roulent vite et certains font peu attention aux piétons. Comment s'en sortent les pèlerins qui suivent les grand-routes ? Je pense à mes amis hollandais.
Le principal danger du pèlerinage est la circulation automobile. Je dois être plus vigilant.

La Cure à Accolay

La Cure m'annonce le Morvan sauvage et boisé que j'aime tant.
Je la regarde longtemps. Les prochains jours seront joyeux dans les chemins humides et pentus du Morvan.

Je mange et je me repose dans un confortable abri à l'entrée d'Accolay.

Quand je reprends la route, les jambes vont bien, mais les plantes de pied font mal.

Chemin longeant la Cure Je progresse sur un joli petit chemin qui longe la Cure.

J'arrive à Bessy-sur-Cure peu avant trois heures. La responsable m'a vu arriver, elle m'ouvre la porte et me montre les lieux. Elle demande plus cher que le gîte d'Auxerre, qui est pourtant mieux équipé.

Je téléphone pour réserver au gîte de Larochemillay et je laisse un message sur le répondeur.

Je prends une douche. Je dors un bon moment.
Quand je m'éveille, il est quatre heures et demie. Je prépare l'étape de demain et je me soigne les pieds.
Puis je mange chaud (saumon et légumes), ce qui me plaît fort, car cela n'arrive pas tous les jours.

Où sont les deux pèlerins américains ? J'aurais dû leur demander où ils comptaient passer la nuit.

Bien que je sois aux portes de Vézelay, je rencontre peu de pèlerins. Mes amis hollandais et leur charrette Willy doivent être loin devant moi. Noël Dujardin doit avoir plusieurs jours d'avance.