Pédagogue
Liste des poèmes
Lac de mes rêves
Espoir
Inquiétude
Pédagogue de la terre
Frères humains
Les êtres vivent
Que des êtres
Le silence des humains
Les rêves des poètes
Tout pur, tout beau
Grands mots
Émerveillés
Pour
L'ami des enfants
Pas de message
Un mot si beau
L'altitude des glaciers
Adolescent
L'adieu
Puissé-je avoir des heures, des jours, des mois
À te consacrer, surface dorée,
Lac de mes rêves, objet de mes soupirs !
Par toi j'apprends que je suis né.
Tu me mènes plus loin que moi, plus loin que toi.
Toujours je songerai à toi, je rêverai de toi jusqu'à ma
Mort.
Derrière mes inquiétudes
Et blotti sous mes cris
Sommeille un nouveau-né.
Je suis innocent
Et plein d’être aimé
Et si faible et si droit
Quand j'espère.
Une inquiétude me tenaille jour après jour.
Enfant, j'aurais cru
Un monde de mal, un monde de bien,
Enfant, j'aurais cru
Que le bien triompherait du mal.
Et si je veux garder entière
Cette croyance trop infantile,
Je n'ai qu'à écouter les pleureurs,
Les martyrs et les vengeurs.
Hé ! Vous là-bas ! Les marmonneurs, les supplieurs !
Toute foi est-elle autre chose qu'illusion de marmot ?
Pédagogue de la terre
toujours pressé et souriant,
sans cesse au travail et à la peine
et pourtant toujours disponible,
Pédagogue de la terre
aux agrès du navire du monde,
consolateur au soir de douleur
et enthousiaste à la joie du matin,
Pédagogue de la terre
nu et désarmé, fort et convaincant
face aux armes, à la haine et au mépris
et guide secret de nos aspirations profondes,
Pédagogue de la terre
qui nous libère des chaînes des dieux et du profit,
qui renoue avec notre humble existence terrestre
d'être humain fragile, habile, bavard et affabulateur.
Frères humains si peu conscients,
Errants au cœur d'enfant
Sur la terre et sous le ciel
Répartis au gré des vents.
Oh, savoir ce qu'on est,
C'est encore ignorer le vie
Et s'en remettre au fil des jours
Et aux errances des amours.
Les êtres vivent d'un éclat profond
Et gris lointain qui les font mouvoir.
Ils ont des cris, des soupirs que n'ignore pas l'histoire,
Ils ont une vie profonde que n'ignore pas l'inconscient.
Tel arbre a crû d'une fleur sous les feuilles,
D'une tige fragile à la puissance
SÉCULAIRE.
Les fenêtres élargies, les murs se sont écartés,
On a brisé la maison, les maçons l'ont rebâtie.
Les êtres vivent d'un germe profond
Ridiculisant les lois des nations,
Un germe vital poursuit sans relâche
La tâche écrasante de tout soleil
OPINIÂTREMENT.
Que ne limite pas le temps,
Que ne limite pas le lieu,
Qui noue et transforme,
Qui meurt et qui vit,
Qui surgit, qui part,
Qui souffre, qui rit,
En un mot qui est.
Nous ne sommes que des êtres
Simples et purs de ne qu'exister ;
Nous ne sommes pas des personnes,
Nous passons, nous passerons.
Libérons-nous de l'envie de survivre
Et marchons sur notre route
Qui ignore limite et séparation,
Car nous ne sommes que des êtres.
Le silence des humains
En appelle à l'infini
Et d'un geste rajeuni
Je veux leur tendre les mains.
Tout est sous l'orbe des cieux,
Mes vers sont art de poète,
Petite chanson discrète
Pour des voyageurs sans dieux.
Alors le pédagogue a poursuivi son chemin.
Au sommet de la côte il a chanté la nature étalée,
Les objets qui environnent l'aube argentée.
« Soyez attentifs aux rêves des poètes,
« Écoutez la terre qui murmure et qui vit !
« Vous l'entendrez dans son mystère.
« Donnons-nous la main et rions !
« Vous aussi, vous connaîtrez notre secret.
« Mais oui, regardez en vous-mêmes et venez danser avec nous ! »
Alors nous avons marché ensemble
Et nous avons crié en chœur.
« Tout pur, tout beau, tout grand,
« Notre pays nous le traversons,
« Pédagogues de la terre,
« Enfants des mers bleues. »
Nous sommes tous des pédagogues.
Vous l'ignoriez peut-être tout à l'heure,
Mais voilà que l'enfant renaît en vous.
Les grands mots font trop de bruit
Pour que je veuille encore en dire.
Un oiseau s'envole au soleil levant
Dans l'argent d'une goutte d'eau.
Mon cœur se promène tout simple
Dans l'herbe fraîche des sentiers.
Émerveillés d'une transparence,
Émerveillés d'une évidence,
Nous marchons, nous marchons,
Pédagogues de la terre,
Enfants aux yeux bleus.
Pour un rayon de soleil,
Pour un être en errance,
Pour le chant d'une mésange,
Frêle,
Qui monte haut dans les bois,
Pour un petit bébé,
Pour une brise légère,
Pour une note minime
Qui fait vibrer un brin d'herbe,
Je vous demande un sursis,
Un moment plein de paix,
Je vous demande de vous taire
Ne fût-ce qu'un petit instant.
Je demande aux voitures
De cesser leur vacarme,
Je demande aux humains
D'arrêter leurs discours,
Je demande un moment,
Un tout petit arrêt,
Une minute d'amour,
Une seconde de tendresse
Qui fera longtemps date
Dans l’histoire de l'humanité.
Ce sera plus qu'un traité,
Ce sera l'éternité,
L'éternité d'un instant,
Cet instant que je réclame
Pour tous les petits du monde.
C'est pourquoi le pédagogue aime les enfants.
Ils sont simples, ils sont purs, ils sont au point du jour.
Ils peuvent tout devenir, ils sont humains encore, ils ne sont pas morts.
Ils viendront sans gêne nous parler de vérités.
Nous ne les ferons pas taire, car d'autres naîtront demain.
Nous, les damnés du travail et de l'argent,
Nous devrons un jour verser ne fût-ce qu'une larme
Et nous mettre à contempler la terre, le ciel et la mer
Et nous découvrir si petits par delà nos incommensurables
Vanités.
Je ne suis pas venu apporter un message.
Tout ce que je sais, vous me l'avez appris.
Puisque vous le savez, agissez en conséquence !
Tant qu'une larme d'enfant, tant qu'une goutte de sang,
Tant qu'une injustice terniront le monde,
Rien ne nous permettra de nous reposer.
Je voudrais un mot si beau
Qu’il pourrait d’un seul coup
Transformer tous les cœurs
Et nous remplir de joie,
La joie de vivre
Dans un monde nouveau
Vivifié par ce seul mot.
Je voudrais ce mot si beau
Pour l’écrire partout
Et changer le monde.
Et maintenant – car je dois le dire –,
Je vais quitter les cris d'enfants.
J'ai pu en vivre, j'ai pu y croire,
Mais leur pureté et innocence
Ne sont qu'imagination.
Si je veux atteindre
L'altitude des glaciers, les fontaines d'eau vive
Sans devoir traverser les déserts de l'esprit,
Je dois aller par delà l'apparence et découvrir l'évidence.
Si je deviens transparent, elle pénètre en moi.
Et maintenant – car je dois le dire –,
Je vais prendre la route de l'azur
Où il n'y a rien si ce n'est tout
Et ce qui n'est pas moi, mais soi.
Mais avant de monter, je tiens à saluer
La jeunesse indiquant vers où évoluer,
Car si l'enfant nous guide en chemin innocent,
L'adolescent nous crie une douleur de sang.
De l'être humain à venir, esquissons le visage !
Hors l'argent qui endette, il promeut le partage,
Hors la nuit qui s’étend, il recherche le jour,
Hors la guerre qui pleure, il chante un cri d'amour.
Et c'est sur ce sentier que je chante à présent
La force et la grandeur des cris adolescents.
Le pédagogue vous quitte, gens d'âme et de bonté,
Il précède le clair espoir qui s'éveille en votre cœur.
Il souffre et vous souffrez de nos êtres divisés.
Tel nous voulons faire et autre nous faisons.
Car nous sommes enfants issus du cosmos
En peine d'être doubles et de ne pouvoir dire
Dans la lumière et l'amour de la confiance totale
De l'être innocent : « Ciel étoilé, je te donne tout. »