Errances
Liste des poèmes
Gens de voyage
Dans le matin
Pèlerin du matin
Que ta marche est longue !
Pour qui te gardes-tu ?
Pèlerin d'un pays
Grand pèlerin
Sur mon chemin
Pèlerin de mille feux
Coupole (1)
Coupole (2)
Coupole (3)
Coupole (4)
Cierges givrés
Chacun vient
Nous voulions voir
Attirance
La vie des pieds
Nébuleuse
Autre terre
Je marche
Au sommet
Gens de voyage,
Gens sans retour,
Gens sans bagage,
Gens sans amour,
Le vent qui porte
Votre mystère
Ouvre la porte
Sur toute terre.
Dans le matin levant
Le pèlerin regarde
Le soleil rougissant
Monter dans le ciel bleu.
Le pèlerin pourra
Atteindre l'horizon
S'il marche sans arrêt
Vers l'éclat de l'aurore.
Pèlerin
Du matin
Sur la route,
Les oiseaux
Font de beaux
Chants, écoute !
Pèlerin
De midi
En chemin,
La chaleur
T’a bien dit
Ton bonheur.
Pèlerin
Du doux soir,
Tu t’en viens
Plein d’espoir
Du zéphyr
À venir.
Pèlerin
De la nuit
Qui t’endors,
Pèlerin
De la pluie,
Rêve encor.
Pèlerin
Du soleil
Qui rencontres
Et nous montres
Les lointains
Informels.
Pèlerins
Qui chantez
Les amours
Des chemins,
Des étés
Et des jours,
Pèlerins,
Pèlerins
Qui savez
Les secrets
Éternels
De tout ciel.
Pèlerins...
Pèlerin,
Que ta marche est longue encore
Sur ce chemin en acier !
Demain tu verras l'aurore,
Et tu prendras ton sentier.
Pèlerin,
Sur ce monde nomade,
Ton toit est autre part.
Tu n'en es qu'au départ.
Où trouver la bourgade
Où tu pourras dormir ?
Pèlerin,
Le soleil te mène
À travers la plaine
Et sous son aurore,
Tandis que chacun
S'attache à son bien,
Tu marches encore.
Pèlerin,
Tu diras
Quelles joies
Les étés
Éternels
T'ont données
Du ciel.
Pèlerin, pour qui te gardes-tu ?
Le ciel est ouvert, la mer est belle ;
Regarde ceux qui t'ont attendu
Pour fonder une cité nouvelle.
Pèlerin, pour qui te gardes-tu ?
Où sont tes richesses ? Et ton âme ?
Je ne l'ai guère vue ! Qu'attends-tu
Pour la montrer à qui te réclame ?
Ces dons qui t'honorent tellement
Doivent être partout répandus,
Ces dons profonds sont pour tous les gens.
Pèlerin, pour qui te gardes-tu ?
Bientôt la honte va te cerner
Si tu ne cherches pas à donner !
Pèlerin d'un pays
Dont les sources sont la vie,
Nouveaux horizons
Sans cesse enchantés
Des chants d'autres contrées !
Pèlerin qui s'abaisse,
Pitié pour l'oiseau,
Pèlerin qui sans cesse
Est pur, pur comme l'eau.
Pèlerin à la recherche
D'un autre monde,
Qui traverse l'ombre
Et entonne un chant sacré.
Pèlerin de notre espoir,
Enfant humble et doux,
Fanal éclairant le soir,
Enfant à genoux.
Pèlerin courageux,
Plein de force et de cœur,
Pèlerin lumineux
Qui veut notre bonheur !
Ce pèlerin qui me regarde
Est plus puissant que moi.
Si je m'égare ou je me trompe,
Je vois son visage saigner.
Si l'amour me fait défaut,
Je lui vois des rides dans les yeux.
C'est qu'il m'aime sans réserve
Et souffre de mes erreurs.
Ce pèlerin qui me regarde
Est plus puissant que moi.
Si je ne donne pas sans réserve
Ma vie et mon cœur,
Il pleure en me regardant
Et ses larmes sont de sang.
Grand pèlerin
Qui protégez mon âme et mes paroles,
Restez près de moi !
Car je lis mes fautes sur votre visage,
Grand pèlerin rêvé.
Le calme vient,
C'est lui encore
Que je verrai
Sur mon chemin.
Grand pèlerin,
Je danserai
Le chant d'aurore
Sur mon chemin.
C'est lui ma fin,
Ce calme doux
Et je dirai
Sur mon chemin
À tout jamais :
« Sois à genoux,
Grand pèlerin,
Sur mon chemin. »
Pèlerin de mille feux
Donnant la main à qui le veut,
Le vaisseau de ton rêve
T'a quitté ce matin.
Tu appelles les gens
À partager ton bonheur.
Tu connais les beaux sentiers
Et tu nous invites à les suivre.
Pèlerin de mille feux,
Tu es un enfant qu'on écoute,
Tu es un souffle de vent
Qui nous apporte la joie.
Le soleil t'accompagne,
Tu le reflètes dans l'eau,
Pèlerin de mille feux
Donnant la main à qui tu vois.
Je suis enfant des brumes,
Je ne sais pas qui je suis,
Je ne sais pas d'où je viens
Et j'ignore où je vais.
Je ne sais pas ce que je sais,
Je ne sais pas ce que je fais,
Je ne sais plus ce que je veux,
Je ne sais même pas ce que je puis.
Et dans ma coupole,
Isolé du monde entier,
Je sais que je suis maître.
J'aimerais chanter ma coupole
Isolée dans le brouillard,
Mais le brouillard me fait peur.
Ce monde s'agite en vain
Autour de ma coupole,
Je le vois virevolter
Et je me mets à penser
Qu'il est comme ces vents
Qui n'apprennent rien.
Il ne sait pas ce qu'il est,
Il ignore d'où il vient,
Il ignore où il va,
Il ne sait pas ce qu'il sait,
Il ne sait pas ce qu'il fait,
Il ne veut pas ce qu'il veut,
Il ignore ce qu'il peut,
Il ignore même ce qu'il croit.
Et moi, dans ma coupole,
Pauvre de n'être que moi
Quoique étant mon univers
J'aimerais savoir,
J'aimerais dire
Pourquoi nous sommes.
Je ne sais pas qui nous sommes.
Je ne sais pas d'où nous venons,
Ni vers où nous allons, ni ce que nous savons.
J'ignore nos devoirs, j'ignore nos désirs,
J'ignore même ce que nous pouvons.
Est-ce que je vis ?
Ou bien est-ce la mort ?
Qui peut me dire
Si je vis encore ?
J'ignore qui je suis,
J'ignore où je vais,
J'ignore même
Ce que je crois,
Ce que je puis.
Sur la vaste terre, isolé,
J'ai observé et médité.
Une coupole m'entourait,
Je n'avais que moi à jauger.
Ma coupole est mon nid douillet.
Je suis tout seul, j'en suis le roi,
Maître ignoré et délaissé.
Et la tristesse m'envahit.
Ma coupole ne sert à rien,
Elle n'est pas, elle est néant.
Je suis néant. Si ma coupole
Se brise, voilà que je nais !
Des cierges givrés barrent le ciel de grisailles
Et la route se perd dans des blanches murailles.
J'ai admiré ces feux de vivante froideur
Et la pureté du gel m'a réchauffé le cœur.
Chacun vient de sa terre
Et devient pèlerin.
À chacun son mystère,
À chacun son refrain.
Aucun n’est sédentaire,
Chacun a le courage
De parcourir la terre
Et d'aimer tout village.
La main ouverte et claire
Comme un chant de bonheur
Qu'il répand sur la terre,
Livrant à tous son cœur.
Nous voulions voir la terre et ses beautés,
Les yeux perdus dans un horizon de grisailles.
Nous voulions voir ses ruisseaux,
Ses collines, ses vallons, ses étés,
Regarder les miroirs s'entrouvrir,
Glisser les uns sur les autres
Comme un ciel couvert d'icebergs
Qui soudain explose en jets de couleurs.
C'est un cri enchanté
Dans un univers merveilleux,
C'est la présence d'une fée
Qui nous envoûte des cieux.
Merci, l'horizon de grisailles,
J'ai le cœur à chanter.
Ma profonde attirance
Pour la réalité
Dira pour quelle errance
Mes pas vous ont quittés.
Sous la brise de mer
Ma tristesse balance
Au rythme doux-amer
De vagues espérances.
J'entrevois un navire
Secoué par les flots
Qui m'inspire un sourire
Traversé de sanglots.
La douceur de mes vers
Volent vers ce bateau
Et c'est tout l'univers
Qui danse, que c'est beau !
La vie (des pieds)
N’est qu’un passage
Sur un sentier,
Sur un nuage.
Le rêve songe
À rien du tout,
Le soleil plonge
Vers rien du tout.
Marcher sans arrêt,
Sans souci des jours
Ni de l’âme et des
Pensées de toujours.
Le soleil brille,
Tout tranquille,
Remplit le cœur
De bonheur.
Marcher sans arrêt...
C'est une neige vivante,
La nébuleuse d'Orion,
Jeunes étoiles bleuâtres
Au cœur d’un halo rougeâtre.
Une gêne m'envahit
Dans cet univers immense,
Car les étoiles éclairent
Les horreurs de notre monde.
Une gêne, mais pas de peur !
Les étoiles nous racontent
Notre histoire et nos échecs
Et disent notre noirceur.
Existe-t-il un vivant
Quelque part dans ces étoiles ?
Qui peut le voir ? Qui le sait ?
La gêne demeure en moi.
Ce monde d'idées folles leur appartient, qu'ils le dirigent !
Je suis pérégrin, issu d'un lieu plus profond.
Je chante une autre terre, la seule qui existe.
Je regarde une feuille, un oiseau, un brin d'herbe
Bien loin des dieux, des roues de char en or et des idées.
Moi, je suis d'ici ; vous, vous êtes d'un autre monde
Imaginaire.
Je vois différemment la terre et cette joie ne peut me quitter.
Je lui donnerai tout ce que je suis, ma courte et petite vie.
Merci mon corps, merci l'enfance.
Tout doux, tout pur, tout joie à jamais !
Puisque toute cité
Contient quelque injustice
Et que ma vérité
D'enfant est droite et lisse,
Je ne refuse rien
Du malheur qui m'accable.
Sur la route du bien
Je marche !
Malgré le sable
Qui m'aveugle aujourd'hui,
Naît une aube à la nuit.
Au sommet de la colline,
Devant ce grand paysage,
Dans la lueur du soleil
Je suis enfant à genoux.
Le monde est grand et beau,
Il est là devant moi,
Il est simple, il est clair
Et j'en pleure de joie.
Je descendrai dans la plaine
Et dirai à qui je vois :
« Bonjour, ami. Qu'il fait beau !
Regarde le jour qui naît !
Élève l'oiseau qui passe !
Ouvre la fleur du chemin !
Ce jour est éternel.
Chantons, soyons heureux
Et débordons de joie,
Pareils à des enfants ! »