El Burgo Ranero, 15 juin 2011
Pour avoir de la place à Calzadilla de los Hermanillos, nous partons tôt et nous marchons d'un bon pas.
Nous entrons dans Sahagún avant neuf heures. Si nous continuons à ce rythme, nous arriverons au gîte peu après onze heures.
Mes compagnons ont faim. Ils repèrent un bar, ils s'installent et cela s'éternise. Nous faisons aussi des achats. En fin de compte nous perdons une heure à Sahagún.
À condition de retrouver le rythme du début, nous atteindrons le gîte peu après midi, tout n'est pas perdu, mais nous avons perdu l'avantage de nous être levés tôt.
Nous traversons le pont sur le río Cea, à la sortie de Sahagún.
Pierre parle de s'arrêter à Calzada del Coto pour faire de nouveaux achats. Pourquoi ? Nous venons d'en faire.
Mes compagnons ne semblent pas être conscients de la situation.
Déjà des pèlerins font la course pour le gîte de Calzadilla de los Hermanillos.
Ils forcent le pas, ils tracent, ils nous dépassent. Peu avant le pont sur l'autoroute, ils sont des
dizaines à courir, traversant la route entre les voitures, marchant au milieu de la grand-route,
c'est une foule prise de folie pour un gîte qui ne compte que vingt-deux places !
Je fais le point. Au point où nous en sommes, nous n'aurons pas de place à Calzadilla, surtout pour
un groupe de cinq personnes.
Pierre propose alors d'aller au gîte de Bercianos del Real Camino. Et c'est ainsi que nous empruntons
le Camino Real et non la Calzada Romana.
Le gîte paroissial de Bercianos est loin du centre du village. Quand nous arrivons, des pèlerins et une bonne trentaine d'enfants asiatiques attendent de pouvoir entrer. Le gîte est petit, il ouvre à une heure et demie et il compte quarante-six places.
Tout cela ne m'inspire pas confiance. À supposer que nous ne soyons pas refusés, nous allons être encaqués là-dedans, avec plein d'enfants en plus. Il y en a toujours un qui crie ou qui pleurniche.
André non plus n'aime pas trop ce gîte. Il propose d'aller voir plus loin, à El Burgo Ranero.
Pierre met en avant les problèmes digestifs de Paul et les ampoules d'Anne-Marie. Il préfère tenter sa
chance ici.
Nous nous séparons.
André et moi, nous allons à El Burgo Ranero, huit kilomètres plus loin. Nous marchons bon train.
Dans l'albergue « La Laguna », il y a encore quelques places libres dans le dortoir, mais pour que
je puisse brancher mon appareil respiratoire, il faudrait déplacer plusieurs personnes.
Plutôt que provoquer tout ce remue-ménage, je propose à André de prendre une chambre à deux lits. C'est
plus cher, mais nous y sommes à l'aise. Cela nous permettra de bien dormir.
Je revois le chien pèlerin, qui attend patiemment son maître à l'entrée du gîte : « Buen camino a Usted, y a su dueño también. » (bon chemin à vous, et à votre maître aussi)
Nous allons manger un bocadillo et buvons de la bière, puis nous nous installons.
L'après-midi nous dormons bien.
À sept heures et quart, nous nous mettons en chasse pour la « cena » (le souper).
Le restaurant « Piedras blancas » est fermé, mais à côté de lui « El peregrino » offre un menu pèlerin.
Sur une suggestion d'André, nous nous rendons à l'intérieur.
Nous y trouvons Michel, l'ingénieur pèlerin venu de Vosges, que j'ai déjà rencontré à Espinal, à
Castildelgado et à Carrión de los Condes.
Nous parlons longtemps ensemble. Notre compagnon picole assez bien.