Chevagny, 17 avril 2011
J'aimerais partir tôt pour éviter la chaleur, mais j'ai du mal à me lever ; si je le pouvais,
je resterais dans mon lit.
Le Morvan m'a plus fatigué que je le croyais. C'est pour cela que j'ai emprunté des raccourcis hier
matin et que j'étais distrait et étourdi hier après-midi.
Le Morvan, c'est quand même quelque chose !
Heureusement la campagne bourbonnaise est moins accidentée. J'ai aussi prévu de faire des étapes de longueur moyenne bien que celle d'aujourd'hui compte une trentaine de kilomètres.
Finalement je me contrains à me lever à six heures un quart. Je m'habille, je bois du café lyophilisé et je vais acheter une ficelle. Il y a de la gelée blanche, mais comme le ciel est limpide, il va faire chaud en journée.
Je pense à mes compagnons américains qui ont campé dans le froid.
Comme je passe devant le camping où ils comptaient loger, je ne les vois pas. Où sont-ils ? Peut-être
leur a-t-on proposé de dormir dans des chalets ? Ou bien sont-ils partis très tôt ?
La gelée est particulièrement visible dans le vallon de la Somme, après l'Étang Neuf.
La route est facile, je marche d'un bon pas.
Un jeune chevreuil reste sur le chemin et ne s'enfuit qu'au tout dernier moment.
Une heure plus tard je passe devant le château de Montperroux, sis sur une petite butte.
Quand le paysage s'élargit, j'essaie de repérer les pèlerins américains, mais ils ne sont ni devant ni derrière moi.
À Grury je m'assieds sur un banc devant l'église.
Les Américains doivent être derrière moi. Je suis parti tôt, j'ai marché vite et ils doivent démonter
leur tente.
Je m'assieds sur le banc et je patiente en mangeant des petits-beurre.
Comme je ne les vois toujours pas arriver, je reprends la route en flânant. J'espère qu'ils vont me rejoindre.
Je m'arrête à l'étang de Montperroux pour prendre une photo.
J'ai une mauvaise surprise : sur l'écran de mon appareil, il y a une grande tache noire. Les volets qui couvrent l'objectif sont à demi fermés. Avec mon canif je les bloque en position ouverte et je prends l'étang en photo.
Ce n'est pas idéal pour l'appareil ni pour l'objectif, mais cela me permettra de continuer à prendre
des photos.
Pour éviter que l'objectif se salisse, je garde l'appareil dans son étui. C'est contrariant, mais tant
pis ! Je me débrouillerai dorénavant ainsi.
La tour en ruine de Faulin domine l'étang de Montperroux.
La chaleur monte plus vite qu'hier, je peine pour arriver à Chizeuil.
J'approche de la forêt qui, je l'espère, sera moins chaude.
Un peu plus loin, sous la feuillée, je traverse la Teugne sur une passerelle rudimentaire.
C'est un joli coin, mais il est très boueux.
Au contraire de ce que je craignais, le chemin est bien tracé et aisé à suivre.
Aux Loges, le chemin coupe au court pour éviter les maisons.
Il y a beaucoup de branchages sur le bord du chemin.
J'arrive au carrefour des Châtaigniers, qui marque la fin du GR 13.
Devant moi et à droite, c'est le GR 3. Comme il faut aller à gauche plutôt qu'à droite, aller tout droit va de soi.
Pendant la préparation de mon voyage, un pèlerin m'a dit qu'il s'était trompé ici et
qu'il avait pris le GR 3 vers Nevers.
J'ai du mal à l'admettre. Peut-être qu'à l'époque le balisage et / ou les chemins n'étaient pas si bons.
Au début de la variante du signal de Mont, je fais une pause.
Je constate que j'ai perdu la deuxième carte de l'étape. Je me rappelle que je l'ai consultée il y a deux
kilomètres.
Ce n'est pas la carte qui compte, mais la pochette en plastique de format A5.
Je reviens sur mes pas et je la trouve peu avant la Poucherolle.
Je retourne au début de la variante du signal de Mont. Je mange beaucoup de petits-beurre, trop en fait, ce qui me fait un poids sur l'estomac.
Je repars.
Je ne m'arrête pas à Mont comme prévu.
Il fait chaud. Heureusement il y a parfois un peu d'ombre et / ou un filet d'air frais. Plein de petits lézards courent entre les pierres et partout on entend le chant des criquets. C'est l'été en avril.
Je reporte sans cesse ma halte et finalement j'arrive au haras de Chevagny sans faire de halte.
C'est un ancien pèlerin qui m'a conseillé cette chambre d'hôtes.
Madame Renggli me reçoit, me montre le gîte et m'offre du jus d'orange en abondance. Son accueil est
excellent, cela vaut la peine d'écouter les anciens pèlerins.
La plupart des pèlerins vont au Moulin du Roy tout proche ; je doute qu'ils soient aussi bien accueillis.
Je suis très fatigué, peut-être à cause de la chaleur. La chambre est très spacieuse.
Je me couche sur le lit et... je ne bouge plus pendant trois quarts d'heure.
Mes pieds vont mieux que je le craignais. Je prends une douche, je m'installe et je me repose jusqu'au souper.
Madame Renggli gère seule une exploitation avec plein d'animaux, qui fait à la fois ferme et haras. Elle est tout le temps occupée. Heureusement quelqu'un vient parfois l'aider.
Je vais me coucher tôt, aux alentours de huit heures.