La Rivière, 14 avril 2011
J'ai perdu mon stylo à bille, je le cherche de tous côtés. Puis je me rappelle que je l'ai emporté
à la pizzeria hier soir.
Après le déjeuner, la petite fille de la gérante m'ouvre la porte de la pizzeria, mais je ne retrouve
pas mon stylo à bille.
Je n'y comprends rien. Je suis triste de l'avoir perdu. Je paie l'hôtel et j'achète un nouveau stylo à
bille.
L'étape du jour est courte et facile, dix-sept kilomètres sans grandes difficultés.
Je monte jusqu'à Bussy à bonne allure et je ne tarde pas à entrer dans Athez.
À la sortie d'Athez, je traverse le pont sur la Corcelière.
Avant d'aborder la montée, qui est la seule difficulté du jour, je réserve des hébergements à l'aide de mon portable. J'en obtiens à Bert, à Arfeuilles, au Couturon et à Combre.
La montée est longue mais pas difficile.
Au sommet, les balises indiquent de prendre à gauche. Mais je sais que l'ancien tracé du GR allait à
droite et traversait davantage de forêt. Je me laisse tenter.
À l'approche de Pierre d'Eau, le paysage devient plus vert et moins forestier.
Aux Arbonnes, peu avant le Pommoy, je quitte la départementale 978 qui relie Nevers
à Autun pour emprunter l'ancien itinéraire du GR 13.
Les baliseurs ont recouvert les anciennes balises avec une peinture d'un brun orangé. Je me méfie :
s'ils ont pris tant de précautions, c'est qu'il y a peut-être un problème sur cet ancien tracé.
Je tente d'atteindre le nouveau tracé en allant vers l'est, vers Roussillon-en-Morvan. Je le rejoins au-dessus des Guillaumes.
Le temps est frais, la pluie menace. Je veux atteindre le refuge de La Croisette avant que la pluie ne tombe.
En arrivant à la départementale 978, je vois deux balises qui se contredisent.
La croix dit de ne pas aller plus loin et la flèche, de tourner à gauche.
La troisième balise avec un T et un oiseau est fréquente le long du GR 13, j'en ignore la signification.
L'ambiguïté des balises rouges et blanches du GR provient de ce qu'il y a moyen de
couper la départementale en passant par un petit chemin qui descend très fort.
La croix correspond à ce chemin et l'autre balise, à mon chemin.
Ici, à l'entrée de la forêt des Foux (hêtres), tout est fait pour aider le randonneur.
Le bûcheron a coupé l'arbre au-dessus de la balise et un marcheur prudent a fait un petit cairn.
Un peu plus loin, au sommet d'une côte, je rencontre une jeune cavalière.
Elle me demande si je suis le compagnon de l'Américain. J'apprends ainsi qu'il tente encore et toujours
de rejoindre son compatriote.
La cavalière me dit qu'elle aimerait aussi aller à Compostelle. Je lui dis que certains y vont à cheval. Elle estime qu'il vaut mieux y aller à pied. Nous nous saluons.
Je presse le pas pour arriver à la Croisette avant la pluie. J'ai l'intention de m'y mettre à l'abri et de rédiger mon carnet de bord.
La Croisette, c'est là où le GR 13 monte vers le Haut Folin, le point le plus élevé du Morvan, une voie que j'évite à cause des problèmes d'hébergement. Si mon compagnon américain est parti par là, il va devoir grimper jusqu'à neuf cents mètres d'altitude.
Je repère un endroit où m'abriter s'il se met à pleuvoir.
Je ne trouve pas de banc et je m'assieds sur un tronc assez inconfortable. J'ai tellement froid que je
remets ma polaire.
Et finalement le temps est si moche et si menaçant que je décide d'aller au gîte tout de suite.
Au Crot Morin, j'ai une vue splendide sur le mont Beuvray.
C'est l'ancienne Bibracte, la capitale des Éduens, là où César fit rédiger ses commentaires sur la bataille d'Alésia.
On distingue deux sommets, le Porrey à gauche et le Theurot de la Wivre à droite. Le Theurot de la Roche, plus au sud, est masqué par le Porrey, le point le plus élevé du site.
J'arrive à l'accueil du gîte des Fleurs.
Madame Arcelus me conduit au chalet des Myrtilles.
Elle met le chauffage électrique en route, mais celui-ci ne chauffe pas.
Je mets mon singlet chaud, ma polaire et ma veste, et j'ai quand même froid. Je me glisse dans mon sac de couchage, mais cela ne suffit pas à me réchauffer. Les extrémités de mes doigts sont gelées.
Par inconscience peut-être, je décide de prendre une douche.
En France j'aurai eu souvent froid dans les lieux d'hébergement.
À cinq heures de l'après-midi, j'ai vraiment trop froid, je frissonne.
Je pars à la recherche de mon hôtesse. Je ne vois qu'un Jack Russell dans la véranda. J'attends. De
toute manière, ici j'ai plus chaud que dans le chalet.
L'attente se prolonge.
Je fais un petit tour et je reviens à cinq heures et demie.
Une dame me dit que la responsable est dans les serres et ne va pas tarder à revenir. Le petit chien me
tient compagnie.
Il me quitte pour rejoindre sa maîtresse. Dès qu'elle arrive, je lui parle du chauffage.
Elle vient dans le chalet et manipule les molettes de réglage. Les indications des molettes sont cachées
par la tête de lit. Cela semble marcher.
Après son départ, je tente d'en savoir plus sur le chauffage.
Je repère les molettes au toucher, mais je ne parviens pas à lire les indications.
Je constate qu'en allumant la lampe au-dessus de l'évier, je peux les lire et je règle le chauffage comme
il faut.
Quand mon hôtesse m'apporte le repas du soir, je lui explique comment j'ai réglé le chauffage.
Elle m'a préparé un bœuf bourguignon. Je lui explique que ce plat est de la même famille que les
carbonnades flamandes, dans lesquelles on remplace le vin par de la bière. Cela l'étonne.
Le petit Jack Russell s'intéresse fort à moi. Il se roule sur le gazon, il pleure derrière la porte.
Il apprécie la cuisine de sa maîtresse, mais je ne lui donne rien pour ne pas l'encourager. Et sa
maîtresse me donne raison.
Je ne parviens pas à envoyer de message avec mon portable, car le signal est trop faible.
Demain je passerai par Glux-en-Glenne, où résident souvent des archéologues étrangers. Je pourrai
certainement envoyer un message à partir de là.