Chastellux-sur-Cure, 10 avril 2011
Je laisse les pèlerins de ma chambre se lever avant moi, mais en finale je pars le premier. J'achète une ficelle de cent grammes, car les deux cents grammes d'une baguette, c'est trop pour moi.
Me voici devant une étape morvandelle que j'ai dû allonger suite aux difficultés d'hébergement. Vingt-quatre kilomètres dans le Morvan, c'est dur, je connais le terrain.
En allant vers Saint-Père, je regarde longtemps le profil de la colline de Vézelay, l'objectif de mon premier grand tronçon.
Atteindre Vézelay m'a rassuré sur mon aptitude à randonner et le Morvan me redonne goût à la vie. Mon pèlerinage prend aujourd'hui une autre densité. Je me sens capable de l'accomplir.
Aux Sauniers, un bon kilomètre avant Foissy-lès-Vézelay, je quitte la voie de Vézelay.
Sur un poteau indicateur j'ai le plaisir de lire : « Never take the fast lane. » (ne prenez jamais la voie rapide). C'est bien ce que je veux faire.
Les paysages sont superbes. Elle est loin, la Champagne plate et dépressive.
Il fait chaud, mais il y a aussi de l'ombre et il fera sans doute frais dans la vallée de la Cure. J'ai
deux petits gués à traverser au cours de l'étape.
Voici un grand pigeonnier à la sortie de Foissy-lès-Vézelay.
J'arrive sur le pont de Pierre-Perthuis au-dessus de la Cure.
D'en haut j'observe l'ancien pont, que je vais emprunter tout à l'heure.
Je longe la Cure dans un sous-bois. C'est un petit chemin plein d'embûches comme je
les aime.
Ce qui me surprend, c'est la sécheresse. C'est très inhabituel dans le Morvan où, après une balade, les
bottines sont d'ordinaire couvertes de boue.
Je longe le bassin d'accumulation de la centrale hydroélectrique du bois de Cure.
Bien sûr le niveau du bassin varie en fonction des besoins en énergie électrique, mais je le trouve quand même très bas.
Un peu partout, les points de vue et les paysages se succèdent.
Je ne sais plus où donner des yeux, il y a trop de belles choses à voir.
Ici, près de Villurbain, j'ai une belle vue sur un méandre de la Cure, qui contourne Saint-André-en-Morvan.
Je traverse le pont sur la Cure à l'entrée de Saint-André.
Dans le village, il y a une fontaine publique.
À Vézelay il y en avait une aussi. J'espère en rencontrer beaucoup pour ne pas manquer d'eau.
À la sortie de Saint-André, je descends vers le ruisseau du Saloir qui longe les arbres en contrebas.
Je traverse le Saloir sur une passerelle de fortune.
La montée vers la rue Chenot est rude.
Je ne force pas le pas, car mon corps doit réapprendre la dureté du Morvan. Je marche lentement et sans
m'arrêter.
Je veux arriver à l'étape avant qu'il fasse trop chaud. On est en avril, mais la chaleur est accablante.
Je m'arrête en face de la mairie de Chastellux-sur-Cure, à un demi-kilomètre du gîte.
C'est un bâtiment situé en pleine nature, ce qui est étrange pour une mairie. En fait, la commune regroupe
une série de petits hameaux.
Le dortoir du gîte est une ancienne écurie dans laquelle mes hôtes ont placé cinq lits.
Je suis tellement fatigué par cette première étape dans le Morvan que je me repose pendant deux heures.
Vingt-quatre kilomètres dans le Morvan, cela en vaut bien trente ailleurs.
Je reçois un bon repas complet avec, pour apéritif, du ratafia local, une mistelle dont la saveur rappelle celle du pineau des Charentes.