De l'aube à l'aurore - Cris d'enfance - Ardenne et loups

Un monde à refaire

Vue de Bomal
Vue de Bomal



Ardenne et loups


Liste des poèmes

Ardenne oubliée
Ardenne et enfance
Je vous en prie, parents
J'en termine
Je me souviens
D'enfant
Ardenne
Tout est grand
Rues en carton
Le temps passe
Chant de l'enfance
La terre dont je rêve
Qui pleurent
Dans cette foule
Les loups
Jeux de bande
La loi du clan
Jeux de nuit (1)
Jeux de nuit (2)
Jeux de nuit (3)

Filet ariettes


Ardenne aimée, que j'ai tant chantée,
Pourquoi t'ai-je à présent oubliée ?

Amie de mon enfance, où est le doux murmure
Qui m'appelait jadis à courir entre tes arbres ?

Je marche le long d'un ru dans un sous-bois hanté.
Où est le merveilleux que mon enfant chantait ?

Je t'ai perdu, forêt, en entrant dans la vie,
Je t'ai perdu, bosquet, en quittant ton pays.

La fée s'en est allée, la brume m'a quitté
Adieu, espoir volé, voici venir la nuit !

Je ne vois qu'un ciel sombre, des nuages tristes,
Un lugubre plafond de chiffres et d'ennui.

J'ai perdu l'espoir, mais non l'espérance.
Puisse mon enfance me guider dans le noir !

Adieu, espoir volé, adieu, ma joie,
J'ai dû choisir ma voie et je vais m'y enliser.

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Filet ariettes


Pourquoi Ardenne et enfance
Vous mariez-vous si bien ?
Pourquoi Ardenne et enfance
Ne formez-vous qu'un seul lien ?
Pourquoi, dans le vent qui souffle,
Face au pays infini,
Cet adolescent qui souffre
Devant ce vieux temps béni,
Ce temps à présent fermé,
Ce chant que j'ai tant aimé ?

Je ne comprends pas, ami,
Je ne comprendrai jamais
Ce qu'alors je ressentais.
Pourquoi être triste ici
Devant le pays que j'aimais ?
Pourquoi être triste, ami,
Devant ce qui m'enchantait ?
Suis-je perdu désormais
Pour m'être un jour endormi ?
N'y a-t-il aucun espoir,
D'un jour ou l'autre pouvoir
Redevenir cet enfant
Que j'étais auparavant ?

Pourquoi Ardenne et enfance
Vous mariez-vous si bien ?
J'entends cette connivence
Qui me murmurait combien
Sont unies toutes les choses,
Qui me disait : «  Vois, ami,
« Ce simple chemin de roses
« Où tu es sans ennemi,
« Confiant à ma prévenance
« Ta grâce et ton innocence. »

Mais je me suis endormi,
J'ai perdu ton chant, amie,
Les heures douces s’en vont,
Ma vie court à l'abandon,
Car la folle du logis
M'enchaîne à sa magie.
Je suis seul, non solitaire.
– Le solitaire est solidaire. –
Les idées m'ont égaré
Comme d'autres la puissance,
L'argent, la brutalité.

Où es-tu, ma douce enfance ?

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Filet ariettes


Je vous en prie, parents,
Écoutez mon poème,
Car c'est un chant d'enfant.
Mon père est le soleil,
Soleil dans ma lagune,
Et ma mère est la lune
Qui veille mon sommeil.

Je vous en prie, parents,
Voici l'adolescent,
Aussi oubliez l'enfant !

Le soleil est mon père,
Il salue, jour de joie,
Le soleil est ma prière,
Il salue, j'ai ma voie.
Et la lune est ma mère,
Sa pitié, point de jour,
Et la lune est ma prière,
Sa pitié, mon amour.

Je vous en prie, parents,
Écoutez mon poème !
Me voici autonome,
Je suis devenu homme.

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Filet ariettes


Cette fois j'en termine avec la terre et le ciel
Et je veux entonner un cantique éternel.
Sur la crête des monts je chanterai mon cœur,
Loin des hommes impurs je crierai mon bonheur.

Quand une voix profonde parle dans la nuit,
Les hommes reconnaissent la voix de l'esprit
Et le mystère de la prière ouvre les cieux
Nous faisant pénétrer le royaume des dieux.

Une voix solennelle résonne en l'enfant,
Une voix éternelle et un chœur triomphant.

Dis-moi, esprit sacré, pourquoi ma vieille enfance
Connaissait le vrai prix des moments de silence !
Dis-moi, humilité, pourquoi ce tendre chant
Était la vérité pour mon doux cœur d'enfant !

J'aimerais prier à genoux,
Incliné sous Votre lumière,
Ô mon Dieu, petit, tendre et doux,
Comme je l'étais dans ma prière.

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Filet ariettes


Je me souviens,
Je fus un enfant
Si simple si sain
À l'écoute du vent.

Je me souviens
De son doux message,
De l'appel lointain
Des merveilleux nuages.

Je me souviens
D'une chaise grise
Où je priais Dieu
À genoux dans l'église.

Je me souviens
De ces tendres nuits
Où je Lui parlais,
J'étais tout près de Lui.

Je me souviens
De grandes prairies
S'étendant au loin
Qui m'ont conquis l'esprit.

Je me souviens
D'un temps merveilleux
Rempli de matins
Sans cesse lumineux,

Je me souviens
De l'odeur profonde
De mille jardins,
De mille cris du monde.

Je me souviens
De grandes joies,
De grandes voies
Privé d'errances,

Je me souviens
D'une innocence
Si grande qu'il me semble
Avoir rêvé.

Était-ce donc l'enfance ?
L'ai-je vraiment vécue
Ou seulement rêvée ?

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Filet ariettes


J'avais des joies d'enfant
Et des danses d'enfant,
J'avais des cris d'enfant
Et des luttes d'enfant,
J'avais un cœur d'enfant
Et des amours d'enfant,
J'avais des pleurs d'enfant
Et un bonheur d'enfant,
J'avais des yeux d'enfant
Et des drames d'enfant.

Que j'aimerais être enfant !

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Filet ariettes


Ardenne qui m’enchante,
Ardenne que je chante,
Tu m'as dit moi,
Je t'ai dit toi
Et pour moi c'était très important.

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Filet ariettes


Tout est grand
Comme l'enfance.
Je me souviens
De clairs matins
Pleins d'insouciance.

Tout est grand
Comme les dunes,
Battues de pluie,
Gouttes d'ennui
Unes et unes.

Tout est grand
Comme l’azur
Chantant la paix
À tout jamais
Dans mon cœur pur.

Tout est grand
Comme les têtes
D'épis qui dansent,
La nonchalance
Des grandes fêtes.

Tout est grand.

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Filet ariettes


Je n'étais qu'un enfant – quel mépris ! –,
Je n'avais que douze ans.
Mais je savais que dans ma rue
Les maisons étaient en carton.

Ma marche était franche et résonnait
Sur les dalles vides et structurées,
Les lumières jaunissaient le ciel
Et les rues étaient en carton.

Mon âme aimait cette paix
Où tout se confond en ombres,
Où l'homme a terminé son travail
Et dort derrière sa façade en carton.

Plein d'une joie respectueuse,
Mon cœur chantait la puissance des rues.
Comme elle était belle, verte et bleue,
Cette longue rue en carton.

Alors, dans ce monde de fées
Se mouvait mon imagination libérée,
Tout coin sombre était une embuscade
Et toute la ville était en carton.

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Filet ariettes


Le temps passe comme une rivière.
Les enfants courent, sillons de lumière
Et moi je reste sur mon perchoir
Et ne peux dire que bonsoir.
Mais eux me disent bonjour
Et lancent des chansons d'amour.

Mais lorsque la tristesse m'abat,
J'écoute leurs chants,
Je regarde leurs ébats
Et cette eau furieuse et enflammée
Se déverse en gouttes d'or dans mon cœur.

Je pleure et je prie, et le son monotone
De mon cri égaré va se perdre
Au lointain de l'horizon des vents
Et quoi que je fasse, malgré leur joie
Je pleure et je prie, j'aime et je souffre.

Où es-tu, ma douce enfance ?

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Filet ariettes


C'est un chant de l'enfance,
Des yeux brûlant d'ardeur,
Qui seuls peuvent parler
De ma tendre innocence.

Seuls me restent les yeux,
Eux seuls peuvent m'aimer,
Car m'ont abandonné
Les mains, le cœur, les cieux.

Où es-tu, ma tendre enfance ?

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Filet ariettes


Sur la terre dont je rêve souvent,
Il y a des collines et des vallons.

Elles sont une mer si pure
Que sans cesse je les vois scintiller.

C'est immense et si beau et si clair
Qu'on dirait l'innocence enfantine.

Loin des troubles des cités, je chanterai
Leur royaume et leur gloire et leur vie.

Et quand l'homme enfin achèvera
Sa course folle et qu'il verra l'horizon,

Il verra la lumière des petits
Immensément
Briller sur le monde.

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Filet ariettes


Oh, toutes ces années d'enfance
Qui pleurent le long des routes,
Toutes ces années passées
De joie, de bonheur, de franchise,
Tous ces beaux chants tendres
Pleins d'innocence,

Je vais sur ta route,
Je m'en vais pleurer.
Qu'on te sauve, qu'on t'écoute,
Je vais te chanter.

Où donc es-tu, ma claire enfance ?

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Filet ariettes


Dans cette foule, dans cette société
Où chacun se protège de la moindre pluie,
Voici que naît, venue des enfants,
La générosité.

Les chants remuants des neuf ans
Nous montrent comment vivre,
Avec eux découvrons que nous pouvons
Vivre avec générosité.

Nos joies, nos bonheurs sont clairs en nous,
Laissons les venir, laissons les s'épanouir !
Qu'importent les règles de la bienséance,
Donnons, c'est tout, n'envions personne !

Participez à ma joie, venez chanter,
Soyons ouverts au monde entier,
Observons les enfants, écoutons les poètes,
Et donnons-nous sans compter !

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Filet ariettes


D'un seul geste, d’un seul cri, d'un seul chant
Les loups empruntent toutes les sentes
En dépit de leur ignorance et de leur faiblesse.

Ils sont changeants et courageux,
Humbles et profonds comme les simples,
Pleins de mystère et de légèreté.

Leur confiance et leur ingénuité,
Leurs désirs et leurs craintes
En font des modèles à suivre.

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Filet ariettes


Luttez dans les jeux de bande,
Héros, guerriers, capitaines,
Fous de vous battre loyalement,
Fous d'action et de vie
Dans les broussailles des forêts.

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Filet ariettes


Les loups sont plus forts que les monts,
Car les monts s'éroderont
Et le clan subsistera.

Les loups sont plus forts que les sages,
Car ceux-ci ont choisi
Et le clan pourra choisir.

Les loups sont plus forts que les lieux,
Car les lieux pourront se joindre
Et les clans pourront s'unir.

Les loups sont plus forts que le loup,
Car le loup solitaire mourra,
Et le clan survivra.

Les loups sont moins forts que la loi,
Car le loup rebelle errera
Et seule la loi maintiendra le clan,
Car un clan sans loi ne tarde pas à disparaître.

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Filet ariettes


Voir l'enfant
Se quitter lui-même,
Courir, frapper : la haine !
Avec de grands yeux d'effroi
Pleins de désarroi.

Voir l'enfant
Se muer en brute,
Abîme empli de peur,
Comme un fauve qui lutte,
Un regard de terreur.

Voir l'enfant
Ne rien pouvoir faire,
Agiter en vain les bras,
Souffrir, parler tout bas,
Et ne rien pouvoir faire.

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Filet ariettes


Ouest : peur !
Nord : la peur !
Sud : ta peur !
Est : terreur !

Fuis,
La terreur aux dents jaunes
Vient pour te déchirer.
Fuis,
Tes rêves monstrueux
Vont se réaliser.
Fuis,
Dix mille ombres zigzaguent,
Cent mille arbres défilent.
Frappe
Sur tout ce que tu vois,
Combats et tape et casse !
Frappe
Sur tout ce qui bouge,
Détruis tant que tu peux !
Frappe !
Peut-être ce massacre
Tuera-t-il aussi la
Peur ?

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Filet ariettes


Que tu verses des larmes
Seul, perdu dans la nuit
Ayant des poings pour armes,
Des poings bien trop petits
Ou des jambes pour fuir
Qui ne peuvent aller loin.

Que tu restes sur place,
Calme quoique inquiet,
Quand le chef te bouscule,
Tu te dis : « Ça y est,
« Laissons-le s'amuser un brin
« Puisque je n'y peux rien. »

Toujours
La pensée me prend
Qui me demande en quoi
Une larme de plus,
Une défaite en plus
Peut aider un louveteau
À devenir courageux.

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