Au vent levant
Liste des poèmes
Se levant, le grand vent
Vaste vent est venu
Couronne qui s'écoule
Le dôme des vents
Orage
Tourment du désespoir
L'herbe se penche
Pays lointain
Rime détruite
Du Brabant à l'Ardenne
Vagues des herbes
Je pense
Impitoyablement
Que le message soit clair
Naît le vent
Appel ultime
Voici ses souffles lents
Le vent de la tempête
Le vent lève la tête
Le vent est puissant
Feuille morte
Le vent sans orage
Tout s'est envolé
Se levant, le grand vent fait siffler les champs verts
Et au loin m'a montré l'infini de la vie
Que sur toute la terre, enchaîné, l'on envie
Et parlant de nos cieux, il m'apprit l'univers.
Et le vent m'a soufflé son immense prière :
« Mon ami, suis-moi donc dans ce grand pré fleuri
« Qui t'appelle au lointain par son chant, par son cri. »
J'ai suivi l'ample vent qui s'écoule en rivière.
Et là-bas, quand j'aurai traversé le désert
Et qu'enfin je verrai le pays grand ouvert,
Je devrai édifier un bel et grand empire,
Qui sur tout, les pays et les ondes extrêmes,
Par l'exemple et l'enfant régnera sur nous-mêmes,
Un empire d'amour, de bonté, de sourire.
Vaste vent, ce matin,
Est venu à ma porte.
J'ai ouvert et au loin
D'un seul coup il m'emporte.
N'as-tu pas entendu,
Dans les branches, le chant,
Le mystère du vent ?
Dis-moi, écoutes-tu ?
Il souffle là
Dans les grands arbres
Et chant de marbre
Il pleure un roi.
Lourde mélancolie
Qui viens de l'infini
Et répands son chagrin
Dans de tristes refrains.
Pense-t-il aux millénaires
Dont il est dépositaire
Ou aux hommes qui rient,
Dont il connaît la vie ?
Chante-t-il le passé
Ou croit-il en l'espoir ?
En sage est-il passé
Et nul n'a pu le voir ?
Lent, couronne qui s'écoule
Dans les plaines qui s'enfuient
Vers les chantres de la nuit
Loin des troubles de la foule.
Sur le dôme tant aimé,
J'écoute la nostalgie
Et je règne sur ma vie
Et traverse les futaies
Loin desquelles dans le ciel,
Beau, vivra le grand pays
Où folâtre l'infini,
Grand et loin pays d'appel.
Vers le dôme des vents je suis allé,
Sur le dôme des vents je suis monté.
J'ai grimpé au sommet,
J'ai écouté le vent,
La tempête tonnait
Sur tous les continents.
Debout sur le sommet des grands vents,
J'ai entendu les arbres chanter,
J'ai vu les herbes folles danser
Comme un immense déferlement
Et je suis entré dans le ballet.
Tendu sur le dôme des grands vents,
Je suis entré dans la grande ronde,
J'ai vu les grandes forêts danser,
J'ai entendu les prairies chanter
Et j'ai touché la folie du monde.
J'ai entendu les vieux troncs chanter,
J'ai vu les folles herbes danser,
Perché sur le sommet des grands vents
Au milieu de tous les continents.
Le monde frémit
Sous le vent qui souffre,
Le monde gémit
Et va vers le gouffre.
Dans le froid hiver,
Notre espoir s'enfuit
Vers cet univers
De peurs et de nuit.
La terre s'inonde
Et la pluie flagelle,
L'orage tempête
Et l'espoir chancelle.
Tout hurle, tout crie,
Tout craque de peur,
Il n'est plus de vie
Qu'en mon petit cœur.
Si le tourment
Du désespoir
T’assaille un soir,
Entends le vent !
Il bat la rive
De son grand flot,
Chasse la grive
Du bord de l’eau.
Entends le vent
Qui passe en toi,
Doux chant rêvant
À autrefois !
Entends le vent,
Il te dira :
« Pars sans tourment !
« Tout t'aimera. »
L'herbe se penche au vent
Sous l'air pur qui scintille
Et qui parle au levant,
C'est une onde qui brille.
Quand s'envole l'oiseau,
Quand tremble la prairie,
Je cherche un chant nouveau
Pour diriger ma vie.
Ô chants, ô bois, ô hommes,
Pourquoi faut-il haïr ?
Il y a des royaumes
Où nul chant n'est martyr.
Mes frères, penchez-vous,
Écoutez ce cri pur,
L'enfance chante en nous
Et accède à l'azur.
Ma mère est revenue
Du pays des manades
Où l'herbe reste nue
Pour guider les nomades,
Où la mer azur joint
L'or du sable et les cieux,
Où des voiles au loin
Se mêlent aux yeux bleus.
Les oiseaux brillent vifs,
Se plaignant dans le vent
Et mille cris furtifs
Éclairent le levant.
J'ai chanté une rime détruite
Par le vent
Et déjà mon émoi est en fuite
Sans enfant.
L'heure est lourde d'une pluie où brille
Un soleil,
Mon âme veille, pauvre et tranquille,
Un sommeil.
Dans la ville de glace, circule
Un effroi
Et l'angoisse augmente et m'inocule
Un grand froid.
Mais l'heure est trop douce pour mon cœur
Tourmenté,
J'ai beau croire au malheur, le bonheur
M'a hanté.
Du Brabant à l'Ardenne, cri du vent,
Messager qui m'emmènes au passé !
Dômes verts, forêts sans fin, monde immense
Des terres, des mers, des cieux et des astres.
La vie est belle et je chante et je crie sans fin
Que ma vie soit ardente et joyeuse enfin !
Que l'aurore se lève et me dore tel un rêve...
Qui déjà s'enfuit au loin, qui éteint cet éclair de bonheur !
Tristesse, faiblesse, ennui, tout pleure cette heure.
Vagues des herbes sages
Par instants hérissées
Puis soudain rabaissées,
Doux échos des nuages.
Que ton humilité
Nous devienne une voie !
Sagesse et vérité
Se balancent de joie.
Je pense à ces grands vents qui parcourent la plaine,
Indifférents à l'herbe qui ploie et se penche,
Insouciants de l'aurore qui croît et s'épanche,
Ignorants du chemin où le temps nous emmène.
Malgré eux, malgré nous, l'histoire nous entraîne
Comme un faible rameau dans sa sombre avalanche
Vers l’oubli éternel d’une mort froide et blanche.
Je pense, solitaire, au destin qui m'enchaîne.
Révolté et soumis par la force des vents,
Impuissant et jaloux de leur grande puissance,
Je ne peux opposer la moindre résistance.
C'est ainsi qu'ils emportent les êtres vivants
Dans un flot éternel, le saint et le maudit,
Le riche et l'indigent, le sage et l'étourdi.
Le vent
Impitoyablement
Le vent, le vent, le vent.
Il souffle et tempête
Au loin sans arrêt,
Combat qui inquiète
Épis et forêts.
La poussière tremble,
Mais les vents reviennent
Et c'est tous ensemble
Qu'ils nous malmènent.
Puissances sans nombre,
Désordres, fureurs,
Qui hurlent des ombres,
Des cris et des pleurs.
Les vents
Inexorablement
Les vents, les vents, les vents.
Que le message soit clair
Dans mon regard et dans l'air,
Dans le vent hurlant des bois
Une toute dernière fois !
Car le vent crie sans arrêt
Par la plaine et la forêt
Et ce sera grâce à lui
Que je quitterai la nuit.
Celui qui me guide en chemin
Sur cette route sans fin,
Plein d'espoir et innocent
C'est l'enfant, toujours l'enfant !
Naît le vent
Qui commence
À chanter,
Naît le vent
De l'enfance
Enchantée.
Vient l'annonce
Des grands messages
Dans la nuée,
Vient l’annonce
De cent nuages
Dans la ruée.
Court le cri
Qui secoue la plaine
Et cherche midi,
Court le cri,
La morne rengaine
De tout l'infini.
Appel ultime,
Chant éclatant
Cri de la cime
Et du grand vent.
Cesse la rime,
Vient le retrait !
L'appel ultime
Bientôt se tait.
Le vent expire
Et vient encore,
Mon âme aspire
À cette aurore.
Voici ses souffles lents
Qui viennent sans arrêt ;
Ils agitent les vents
Venus de la forêt.
Ils agitent les herbes,
Ils agitent la mer
Et ses vagues acerbes
Qui ondulent dans l'air.
Ils agitent les terres,
Ils viennent balancer
Sans cesse les mystères,
Tout ce qui est sacré.
Le vent de la tempête est venu,
Le vent file et mon cœur est apaisé.
Le vent crie, il roule comme un torrent
Et mon cœur est calme en regardant le vent passer.
La rue hurle mille messages,
Elle hurle, elle sanglote et je la vois vibrer.
Elle est bonne, la rue, douce et mélodieuse,
Brillante de tourbillons, aimée.
Le vent de la tempête vient d'y passer.
Le vent lève la tête,
Éveille la tempête
Sifflante au grand levant
S'élevant dans nos vies,
Vivifiant nos envies,
Fortifiant le vivant.
Le vent est puissant d'une victoire
Dans les rues, dans les monts.
Il clame, crie, hurle,
Le vent, impitoyablement.
Il remonte, acrobate,
Sans arrêt nous tourmente,
Revient encore sous une autre forme,
Toujours puissant, toujours parlant,
Merci, le vent.
Je suis feuille morte
Que le vent emporte,
Le vent qui s'enfuit
Au fond de la nuit.
Le vent sans orage
Et la route sans pluie,
Le cœur sans tourment
Et la marche sans pleurs.
Il est sec et chaud,
Ce vent tonnerre,
Il est puissant
Comme un mystère.
Elle est sèche, la rue
Et pareille à l'univers,
Elle est sèche et je l'aime,
Elle me mène à moi-même,
Elle me guide vers l'éternité.
C'est un enfant, le vent,
Il en a la puissance et la netteté.
Il en a la franchise et la foi sans montagnes.
Puissance de gosse, grande comme l'univers,
Merci, enfant, grand comme vent !
Devant moi tout s'est envolé,
Mille piliers, mille oiseaux,
Mille messages écartelés,
Mille cités, mille ruisseaux,
Le vent a tout emporté.
D'un cri clair et net,
Maintenant que je suis haut,
Qu'elle est belle et pure ma nef,
Je hurle l'amour infini :
Le vent a tout éclairci.
Comme sont grands les humains !
Ni mièvre ni pauvre, je crierai
Au travers des plaines leur espoir
D'aimer, d'aimer. Adolescents !
Le vent m'a tout donné.
Qu'un humain s'élève dans sa grande fierté,
Qu'il me montre un horizon qui soit d'éternité
Et je dirai : « Voici notre maison,
Voici notre havre pour tout aimer ! »