De l'aube à l'aurore - Au lever du vent - Chemin faisant

Un monde à refaire

Draille Aubrac
Chemin faisant



Chemin faisant


Liste des poèmes

Lointains informels
Traces sur le sable
Crisper ma main
Gravide
Je souris
Signes de deux sous
Itinéraires
Jusqu'à l'infini
Saint-Mort
Phare rouge
Trace des lignes
Humains qui courez
En peine
Ce que je crains
Creusons
Connaissons-nous
Tout nous dire
Soyons enfants
Solidaires
Et moi ?

Filet ariettes


Aux lointains informels j'adresse mon salut,
À la grande clarté que je n'aurai jamais vue.
Ma niche était trop étroite et je suis parti
Seul, infiniment seul, vaincre en terre inconnue.

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Filet ariettes


Je trace des lignes sur le sable,
Des lignes d’eau qui s’enfoncent lentement ;
Je dresse des châteaux sur le sable,
Des châteaux que la marée recouvre peu à peu ;
Le monde entier autour de moi recule
Et moi, j'avance droit vers mon néant.

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Filet ariettes


L'important, c'est de crisper ma main,
De saisir un outil et de frapper,
Fort, durement, avec ma chair et mon sang,
Avant d'être enseveli par le néant.

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Filet ariettes


Je dois prendre garde au mot que je prononce,
Au geste que j'esquisse !
Il est gravide dans la mémoire de l’univers.

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Filet ariettes


Je souris aux ris des enfants
Et je marche dans le désespoir,
Je passe entre les ébats des enfants
Et je traîne mon désespoir,
Je sens mon cœur transporté de flammes d'amour
Et je courbe sous le désespoir.

Ma course d'errant, égaré et effaré,
Je la poursuis un petit instant,
Celui où j'aurai vécu sur la terre
Avant d'y mourir.

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Filet ariettes


Ce sont nos signes de deux sous,
Un sourire, une brique, un tracé,
C’est tout ce qui restera de nous,
Eperdus de vie, perdus de mort.

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Filet ariettes


Nous traçons au hasard des lignes sur le sable ;
Puis vient la marée qui passe et qui repasse,
Et qui, sans un regard, sans un regret, les efface.

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Filet ariettes


Jusqu'à l'infini,
Des milliards d'hectares cultivés,
Prétentieux,
Des villes bruyantes et lumineuses,
Des océans traversés de rive à rive,
Des cieux couverts d'avions,
Tout cela ne vaut pas une seconde de tendresse ;
Tout cela est de la vanité, de la fatuité
D'une humanité soumise à un sort misérable et dégradant.

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Filet ariettes


Saint-Mort, je te crie, je te chante, je te hurle.

Ton sol a vu tant d'ombres passer,
Il a porté de si beaux épis de blé.
Que vas-tu devenir ? Quelle sera ta destinée ?
Vas-tu vraiment nous quitter
Et devenir un monstre industriel ?

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Filet ariettes


Il y a aussi le phare rouge là-bas, très haut ; celui-là, il fait de son nez.
Directeur, président, ministre, monarque, énarque, mentarque !
Toujours il cherche à commander, toujours il cherche à humilier !

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Filet ariettes


Je n'aurai rien compris
De la misère et de l'injustice,
Des corons tristes et gris,
De l'enfer que l'être humain s'offre à lui-même.

J'aurais tant voulu
Tracer d'autres lignes
Et déjà la mort vient, la vie me quitte.

Ami, par respect pour mes espoirs déçus,
Trace des lignes !

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Filet ariettes


Humains qui courez sous la pluie et dans le vent,
Aveugles et haletants,
Gravides de désespoir,
Humains ensommeillés de trop subir,
Assommés d'images,
Tués par la société,
Enfants blasés de trop être éduqués,
Perclus d'obéissance,
Abêtis d'instruction,
Relevez la tête !
Ou plutôt, ne la relevez pas, ne la relevez plus !
Tantôt je vais mourir
Et vous aussi ;
Après tout, cela sera-t-il peut-être mieux ainsi…

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Filet ariettes


Aujourd'hui je suis seul dans mon sillon et je me sens en peine
Pour tout ce qui ne tourne pas rond dans le monde,
Pour la guerre qui ne cesse pas, pour ceux qui en meurent,
pour ceux qui en pleurent et surtout pour ceux qui y croient,
Pour la faim qui ne cesse pas, pour ceux qui en crèvent,
pour ceux qui en souffrent et surtout pour ceux qui ne veulent pas voir,
Pour le home qui ne cesse pas, pour ceux qui le vivent,
pour ceux qui le meurent et surtout pour ceux qui l'approuvent.
Tracer un espoir, seul, tendu par-dessus la nuit, comme un arc, comme une flèche,
refuser, dire non pour dire oui !

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Filet ariettes


Ce que je crains le plus, ce n'est pas la mort,
Mais la mort de mes espoirs et de mes utopies.
À chacun de mes pas, mon cœur rayonne de l'espoir
D'un monde libéré, d'une humanité vraie ;
À chacun de mes pas, un clown grotesque rit et défait
Chacune de mes illusions.
Enfant et vent et nuit, et tout espoir tendu,
Devenez !
Cessons d'accroître notre misère !

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Filet ariettes


Ici naît le désert coupé de vent, arraché de nuit, coupole fermée au ciel, désolé.
Rien qu'au loin quelques bivouacs tremblants annoncent la fugitive lueur
d'un être vivant.
Espoirs tendus d'un lendemain, compagnons qui creusez loin de moi vos sillons,
Creusons, creusons ! Peut-être trouverons-nous une autre voie ?

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Filet ariettes


Connaissons-nous nous-mêmes,
Prenons conscience de nos limites et de nos contingences,
Méfions-nous de notre goinfrerie et de notre mesquinerie
Et nous pourrons parler d'une autre société !

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Filet ariettes


Prenons l'habitude de nous regarder en face,
de tout nous dire et de connaître nos conflits !
Comment peut-on encore occulter, se duper de nos jours ?
C'est trop tard et trop dangereux pour tout le monde.

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Filet ariettes


Beaucoup ne suivront pas mes pas !
Ils sont enlisés dans leurs chaînes,
Conformistes, déjà morts, enterrés
Sous les mots tout faits, les truismes, les slogans.

Car sur la route que je trace il n'y a que la nuit,
Il n'y a pas de poteaux indicateurs,
Il n'y a pas de voie toute tracée.

Il n'y a que la terre, et le ciel, et un effort.
Où que nous soyons, creusons profond,
Souillons nos mains, notre cœur, notre esprit !
Que notre vieillesse soit sereine
Et non pas engoncée dans les conventions !
Soyons enfants !

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Filet ariettes


Solitaires sillonnaires
Visionnaires solidaires
Par delà le temps, par delà la mort
Parce que nous avons raison,
Lignes de vie
À s'entrecroiser à l'infini
De chaîne et de trame
Nous formerons une voile superbe
Gonflée de l'effort de la lutte,
Solidaires,
Gonflée de l'espoir,
Car nous avons raison.

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Filet ariettes


Assassiné ils ont
L'espoir, l'oiseau, la main tendue.

Rosa Luxemburg : assassinée
Jean Jaurès : assassiné
Salvador Allende : assassiné
Amilcar Cabral : assassiné
Patrice Lumumba : assassiné
Martin Luther King : assassiné
Oscar Romero : assassiné
Julien Lahaut : assassiné
Mohandas Gandhi : assassiné
Thomas Sankara : assassiné
Et tous les autres
Innombrables, connus et sans nom
Et jusqu'à l'enfant mal nutri !

Toujours pour accumuler plus d'argent !

Et moi ? Et moi ?
Qui me pardonnera d'être encore en vie ?

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