Transparences
Liste des poèmes
J'ai pris le calme
Blancs et purs
Lever le regard
Sagesse profonde
Ne tenir que ce rien
Être là
Art
Fin et transparent
Pilier
Nuage
Soleil
Feuilles
Devenir clair
Épicéas
Poème de lumière
Sensible à tout
Briques claires
La terre gonfle de joie
Insectes bleus
La nuit s'étend
Branches
Parcours de vie
J'ai pris le calme d'une transparence.
Je me suis vidé et j'ai vécu l'autre.
Ainsi me suis-je ressuscité
Parce que l'autre vivait en moi.
Quand j'ai emprunté la route,
Le soleil illuminait le tarmac,
Bande aveuglante qui s'étendait
Au-delà du demi-cercle solaire.
La pluie, la goutte d'or tremblait,
Une feuille coulait en pleine lumière.
Elle était plus transparente que moi,
Elle était pleine d'évidence et de clarté.
Deux yeux géants sur l'horizon
Étaient des perles, des rochers vernis,
Étaient des sources argentées
Brillantes d'un grand chant sacré
Et l'univers se figea tout entier
Dans la contemplation des cieux.
Blancs et purs
Et sans reflets,
Lieu de passage
Où se prend toute vie,
Tisse immensément
Les sons et les fils
Selon le faire et le dire
Intensément vivants.
Pur et transparent
Je resterai pour chacun,
Pur et transparent
Je serai en tout lieu.
Je vivrai en écoutant,
En laissant mon cœur respirer
L'air pur et limpide et les joies
Qui m'entourent et qui m'aiment.
Se lever et lever le regard
Vers la profondeur du ciel,
S'étonner, admirer et voir
Les merveilles du ciel vivant !
Voilà ce que chante la joie
De l'adulte ou de l'enfant
Qui peut s'oublier lui-même
Dans l'absolue transparence !
Transparence à l'infini,
À toute joie, à toute vie,
Au cœur étincelant
Du ciel qui nous grandit !
Amour et puissance
De la terre et du ciel,
Joie, joie, chants de joie,
Chœur, cœurs d'enfants
Qui dansent en riant !
Sagesse profonde
Qu'ignore l'avisé !
Le sage pertinent
Ignore la vie profonde.
C'est toute transparence
À ce qui nous entoure,
C'est cette enfance
Qui nous comble le cœur.
C'est simple, beau et grand,
Un hommage à l'univers,
Une consolation aux larmes,
Une joie pour les pleurs.
C'est tout, c'est moi, c'est nous,
Experts, que savez-vous ?
Je suis unité profonde,
Être de joie et de clarté,
Organisme vivant
Illuminant terre et ciel.
Ne tenir que ce rien
Qui déborde de joie,
Ne vivre que d'espoir
Et aimer sans réserve !
Cette parcelle unique
Qui brille de pureté,
Cette chose si petite
Qu'on peut nommer vérité !
Ne vivre plus que d'elle,
N'être rien sans elle,
Ne s'occuper que d'elle
Afin de n'être plus rien
Sinon la transparence parfaite
En quoi se reflète la vérité,
Afin de n'être plus rien
Sinon l'enfance la plus droite
En qui se reflète la vérité !
Simplement être là
Comme de toute éternité,
Limpide et transparent
Et sensible à toute réalité
Et à toute profondeur véritable,
Être pur et transparent,
N'être que devenir !
S'émerveiller de ce qui vient et de ce qui part,
Être port toujours ouvert sur la mer,
Étonnamment éveillé et parfaitement immobile
Dans la plus décontractée des contemplations
En admirations et étonnements toujours nouveaux,
Simplement être là !
L'art, c'est écrire d'un trait parfait
Simple et pur, ferme et beau
L'image du monde qui est en nous.
Devenir fin et transparent,
Laisser pénétrer en moi
La lumière du ciel,
Les embruns du large,
La brise du matin
Et la rosée des ramilles.
N'être plus que nature,
Formes, senteurs et bruits,
Disparaître dans ce qui m'entoure,
Participer pleinement au cosmos
Et me sentir en harmonie
Avec tout ce qui existe.
Être la mouette qui vole au loin,
Le hêtre qui pousse très haut,
Le cri plaintif de la buse,
La source vive du bois,
Le vent qui souffle à l'infini
Et la chaleur du soleil d'été.
Un pilier
Nu, unique et grand
Qui devient moi,
Qui me fait souffrir et me console
Parce qu'il est
Nu, unique et grand.
Un nuage vaste,
Seulement un nuage,
Gris, blanc, bleu,
Carrefour de couleurs ternes
Et argenté par le soleil,
Vitrail de candeurs innocentes.
Ciel blanchi par un petit nuage,
Soleil
Et tout claque et tout craque
De chaleur assommante.
Soleil et grandeur d'azur,
Soleil et candeur d'enfant.
Limpide lumière des feuilles,
Verte et argent,
Pure, immense et perçante,
Aveuglante d'évidence,
Transparente et enflammée,
Danse d'éternité.
Devenir clair et transparent,
N'être plus qu'une peau fine,
Que tout devienne moi,
Les sons, les couleurs et les formes !
Que tout se mêle et s'harmonise,
Que tout ne soit que prière et amour,
Calme, immense et complet
Et paisible comme l'éternité !
Ciel bleu sur la forêt,
Ciel bleu et pins tendres,
Verts, brillants, jaunes,
Pleins de fraîcheur,
De beauté et de grandeur.
Petit poème de lumière,
Seul en teintes candeurs,
Rouge, vert et bleu,
Émaux nés du soleil,
Étincelles de clarté,
Transparentes lueurs
Dans l'azur sublimé
De profonde pureté !
Sensible à tout et transparent
Comme une onde claire,
Comme un grand vent,
Plus rien en moi,
Que tout écoute !
Briques claires et rouges,
Bâtiment seul uni blanc,
Clarté du soleil d'été
Qui court en vitrail
De lueurs émaillées
Pétries d'éternité !
La terre gonfle de joie,
Elle est pleine de bonheur.
Le vent et la lumière
Et tout ce qui est pur
Et tout ce qui est sain
Et tous les chants du ciel
N'honorent qu'elle.
Le ciel est rempli d'insectes bleus
Traversés quelquefois d'un nuage,
Cri, éclair, puis chanson grave et sage
D'un univers brillant de mille feux.
Feu de joie, astre lourd, beau navire
Effilé, gréé pour l'aventure
En cette terre inconnue et pure
Dont le vent nous découvre l'empire.
Puissance muette des nuages
Qui mènent notre esprit hors du monde ;
Le ciel s'emplit tout entier d'une onde
Qui délivre partout des messages.
Alors l'arbre vert s'élève aussi,
Les hautes flèches tendent la nue,
Le vaisseau de l'enfant s'évertue
À refonder les valeurs d'ici.
Archet et toits, soleils de lourdeur,
L'enfant vient naître en l'aire divine,
L'azur est un ciel qui se ravine
De beauté, d'or pur et de lueur.
Ravins, vallées et plateaux secrets,
L'enfant monte à l'image divine,
C'est un ange qui lui montre l'hymne
Plein du calme mystère en arrêt.
Et la plaine dorée à présent
Sans fin s'étale devant mes yeux ;
Là l'enfant tend au vent un présent
Et s'agenouille. Rêve des cieux !
Car ce n'est qu'un rêve,
Une image disparue,
L'enfant qui s'élève
N'est pas sorti de la nue
Et ceux de la terre
Auront peine à percer
Le divin mystère
Qui vient de se passer.
La nuit s’étend
Apeurée
Sur la terre ;
Mon cœur s’entend
À pleurer
La misère.
L’horizon clair
Devient noir
Et sans tain ;
Même l’éclair
De l’espoir
S'est éteint !
Angoisse triste
De mon âme
Et de l’heure ;
Vienne une piste
Qui réclame
Que je pleure !
Errant anxieux
Dans le corps
Et dans l’âme,
Quels sont ces cieux
Qui encore
Me réclament ?
Branches
Brillantes et croisées,
Folles
De signes et de gestes
Dans l'azur
Éclatant de soleil
Par la transparente vitre
D'un cœur écartelé
De sympathie.
De rivage en récif je navigue
À la vaine recherche des cimes,
Au terrible fracas des abîmes,
À l'oubli dans la longue fatigue.
Jamais je n'ai demandé à naître
Dans ce monde avide de richesse
Et depuis, je hurle ma détresse
Dans le vain espoir de disparaître.
Quand je serai grand, j'irai partout.
En tout lieu je livrerai bataille
Et frapperai d'estoc et de taille.
Lune amie, est-ce qu'on me dit tout ?
Entre verre et béton je zigzague,
Cloîtré chez moi, captif à l'école,
Roi déchu de la mégalopole.
Qu'est devenu l'ancien terrain vague ?
Au creux du parking désert de l'île,
Couples et gangs se font, se défont
Sous la lumière blême des néons.
La peur au ventre, je me défile.
Solitaire habitant de la cime,
Un clair matin mon destin s'accroche
Aux longs cheveux dont je me sens proche.
Quand oserai-je franchir l'abîme ?
Cet enfant de tendresse profonde
Qui tousse et qui m'inquiète et que j'aime,
Dans ses veines le sang est le même,
Si proche et déjà d'un autre monde.
Foyers clos, protégés, minutés
Où l'animal fêté devient charge,
Où chacun s'en irait au grand large
S'il ne subissait la pauvreté.
Job absurde, boulot d'aliéné,
Réunions, écrans, tas de papiers
Et liens qui se tissent pour oublier,
Est-ce pour cela que je suis né ?
Où êtes-vous, lumières d'enfance ?
Je rugis aux claques qu'on me donne
Dans la cage où la vie m'emprisonne.
Comment obtenir ma délivrance ?
Pauvres nourrissant notre richesse,
Sable et mensonges nous endormant
Dans l'illusion d'un faux firmament.
Qui tua l'espoir de la jeunesse ?
Oraison de la terre qui meurt
Quand l'argent écrase le vivant.
Puissent la fleur, l'amour et le vent
Remplacer nos rêves sans saveur !
Demain la nuit sera plus profonde,
Bêtes et plantes disparaîtront,
Les océans se soulèveront
Et nous verrons s'écrouler le monde.
Pauvre enfin et détaché de tout
Je chemine en forêt et campagne,
Je trace au vent, grimpe la montagne,
J'écoute et deviens riche de tout.
Je parcours un sentier solitaire
Sans compagne ni foyer ni lieu,
Sans disciple ni maître ni Dieu
Et face au ciel, je chante la terre.
Mes pas trottinent dans l'ancien monde
Où vivaient les bêtes et les fleurs
Avant que ne viennent les chasseurs.
Seule ma mémoire vagabonde.
Sur le banc en bois devant ma porte,
Les gens passent comme dans un rêve
Et tandis que s'éloigne la grève
Je dors dans la barque qui m'emporte.
Peu à peu toute chose s'efface
Dans un brouillard de plus en plus dense
Qui mélange âge adulte et enfance.
Le temps fuit, le lieu meurt, la vie passe.