De l'aube à l'aurore - Désolation - Rachel

Un monde à refaire

Les pleurs de Rachel
Les pleurs de Rachel



Rachel

" Rachel pleure ses enfants
et elle ne veut pas être consolée,
car ils ne sont plus. "
Jérémie 31,15


Liste des poèmes

Par les pleurs de Rachel
Par l'enfant qui périt
Sur le bois du bateau
Tout petit enfant
Sur la forme menue
Leur gauche se pose
La neige s'étend
Je vous prendrai
Petit enfant crucifié
Pitié pour les petits
Pitié pour qui souffre
Aigles de bonté
Nuages sur les enfants
Tout est injustice
Tire, fusil
Enfant en croix
Sur la plaine
Pluie
La mort de l'enfant
Que de crimes
Parmi les croix
Un jour finira
L'humanité gémit
Que les mains meurtries

Filet ariettes


Par les pleurs de Rachel
Et par le cri austère
De ton deuil immortel,
Je demande à la terre :

« Pourquoi pleure l'enfant ?
« Pourquoi ton lac immense
« Est rempli de tourments
« Et le chant de souffrance
« Hurle dans tes montagnes ?
« Que dis-tu du malheur ?
« Pourquoi donc tu t'éloignes
« Lorsque nous prenons peur ? »

Que ces cris de douleur
Forment un fleuve amer
De larmes et de pleurs
Qui s'écoule en la mer !

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Filet ariettes


Par l'enfant qui périt
Sans voir de délivrance
Dans la ville qui rit
De voir telle souffrance,

Par celui qu'on délaisse
Et qui meurt de douleur,
Qui s'abat de faiblesse
Et qu'on laisse en la peur

Et par le lac de sang
Où pourrit le cadavre
De l'enfant innocent
Qui jamais n'eut de havre

Et par l'enfant martyr
Qui sanglote et supplie
Le bon dieu de venir
Le sauver de la pluie.

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Filet ariettes


Je les ai vus
Reposant côte à côte sur le bois du bateau.
Genoux contre genoux,
Leur sommeil au creux d'une étoile
Dans la nuit qui respire.
Petits visages perdus
Serrés dans leurs bras jusqu'à l'astre du matin.

Marchands d'esclaves sous tous les cieux,
Quel est votre prix ?
Où conduisez-vous ces jeunes êtres sans biens ni haine,
Qui font confiance à la première étoile venue
Et qui ont frois, qui ont faim et qui ont soif ?

Sous la ramure, l'un d'entre eux tombe ce matin
Et la rosée vernit tendrement son visage.
L'autre, on le troque contre une piécette d'argent
Et désormais sa vie sera travailler pour un maître.

Je me penche sur leur sommeil.
Ne vois-tu pas Jérusalem là-bas, au loin ?
Que t'importent les bassesses humaines !
Adieu donc, petit, dors pour toujours ! Et rêve !

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Filet ariettes


Tout petit enfant tapi,
Transi de peur des coups,
Trop secoué, trop égaré,
Je te reconnais en frère.

Ma tête ensanglantée,
Égarée dans la tourmente,
Est harassée d'avoir
Trop reçu des coups.

Vietnam, enfant arrosé de napalm,
Saint-Hut, pour le bien de l'enfant,
Auschwitz, ou la race purifiée,
Tracez des lignes, sortez de la nuit !
Vous aussi, vous m'avez rossé.

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Filet ariettes


Sur la forme menue
D'un commun mouvement, la foule se rue.
Quel est son crime ? Pourquoi le frapper ?
C'est qu'il est seul face à l'univers.

Tous ces visages hargneux
Consomment leurs défaites
Sur l'abandonné.

Les réquisitoires sont si faciles contre les faibles.

Personne n'accuse, mais tous condamnent.
Sans l'espoir, que nous resterait-il ?

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Filet ariettes


Leur gauche se pose sur leur cœur
Et leur droite combat vainement,
Leur marche ne traverse que sangs
Et la tendresse est leur seul bonheur.

Les petits se défendent très peu,
Ils passent sur la terre, inconnus ;
Qui les pleurent quand ils ont vécu ?
Mais se lève un voile sur les cieux.

Les petits ne sont que méprisés.
Nous les chassons, nous tuons en eux
Ce qui, pour nous, est l'été des jours.

Les enfants sont parmi les tués,
Mais leurs mains vaines ont un secours,
Car se lève un voile sur les cieux.

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Filet ariettes


D'un seul rideau, la neige s'étend
Et dans sa glace je vois l'enfant.
Il cherche en vain l'été, il fuit le mauvais sort,
Il cherche la clarté, il lutte avec la mort.

Egaré dans une désert immense,
Il symbolise notre souffrance,
Car nous sommes si peu dans l'abîme de noir
Avec nos petits feux qui tremblotent d'espoir.

Que j'aime ta trace et ton courage
Dans ce blanc linceul oppressant !
Ce grand désespoir et cette rage,
C'est le chant, c'est le cri de nos sangs.

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Filet ariettes


Je vous prendrai dans votre misère,
Et ferai de vous un chant de gloire.
Vous viendrez hurler notre victoire,
Vous, si simples et si peu sur terre.

Votre main sera ma main,
Votre cœur sera le mien
Et lorsque votre souffrance
Mettra en sang l'horizon,
Je crierai plus que raison
Pour m'effondrer en silence.

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Filet ariettes


Petit enfant crucifié, toi qu'on bat,
Toi qu'on terrifie pour t'aguerrir,
Petit enfant perdu, je suis avec toi,
Je veux t'accompagner.

J'ai aussi peur que toi,
Permets-moi de partager ta douleur !
Tu seras moins malheureux,
Car tu auras quelqu'un auprès de toi.

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Filet ariettes


Pitié pour les petits,
Pitié pour ceux qui souffrent dans la nuit,
L'enfant abandonné, celui du sang et des larmes.

Pitié pour l'oiseau qui appelle en vain,
Le trop faible et donc délaissé,
Pitié !

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Filet ariettes


Pitié pour qui souffre,
Pitié pour les petits !
Partageons leur douleur,
Partageons notre bonheur !
Allons les chercher dans la nuit
Et conduisons-les à la lumière !

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Filet ariettes


Soyons des aigles de bonté,
Abritons-les de nos ailes !

Ils souffrent tant, mais aspirent au bonheur,
Notre amour sera leur prière,
Leur sang sera notre hommage,
Ils viendront nous aimer.

Soyons des aigles de bonté,
Abritons-les de nos ailes !

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Filet ariettes


Nuages sur les enfants,
Criez, fuyez, il va pleuvoir.
Vous l'ignoriez, mais la nuit va tomber,
Vous étiez aveugles et vous périrez.

Oh, venez, enfants,
Le monde est dur et cruel,
Votre cri vous coûtera la vie,
Vous mourrez d'être vrais.

Oh, venez, enfants,
Déjà boitants et blessés,
Déjà battus et trompés,
Je ne peux rien pour vous.

Je ne peux rien pour les êtres humains,
Je ne peux rien pour l'espace,
Je ne peux rien pour le temps
Sinon chanter l'éternité.

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Filet ariettes


Enfant de toute terreur
Aux mains petites et frêles,
Le monde serre tes chaînes,
Tu souffres et tu meurs.

Mais quel illuminé
A pu nous faire croire
Que toute souffrance
Était rédemptrice ?

Dans le monde tel qu'il est,
Tout est injustice et oubli
Et toute douleur est deuil.

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Filet ariettes


Tire, fusil, va le détruire !
De trop, sa vie ne peut que nuire.
Tire, fusil, détruis sa peur !
Tout, mon petit, tout te dit : « Meurs ! »
Fusil, abrège son supplice !
Tire avant qu'il ne grandisse !

En vain tu fuis, gamin, le malheur te poursuit.
Meurs puisque c'est la fin, que tout devienne nuit !
Innocent tu mourras, la Loi dicte ton sort.
Bientôt tu périras, victime du plus fort.

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Filet ariettes


Enfant en croix,
Seul, nu dans la nuit noire et vide,
Corps blême et décharné,
Enfant de toute souffrance.

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Filet ariettes


Sur la plaine sinistrement terne,
Je vois des croix clouées de sangs innocents,
De la misère et des morts, des agonies
Qui geignent et ne s'achèvent jamais.
Je vois des enfants, la tête ensanglantée,
Qui pleurent et ne comprennent pas.

Oh, cette pluie infiniment noire et triste !
Je ne comprends pas et mon cœur est vide.
Le monde est vide, l'univers est vide,
Il est gros d'un grand grondement muet.
Je vois des maisons en sang et des innocents en ruine
Et sans cesse mes yeux passent de l'horreur à l'effroi.

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Filet ariettes


La pluie tombe et la douleur remplit l'église.
La tête en sang d'un enfant éclabousse le vitrail.
Il ne sert à rien de pleurer, prions !

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Filet ariettes


Pour l'enfant qui se meurt
J'ai vainement crié,
Pour l'esquif sans rameur
J'ai vainement prié.

L'enfant blessé
Geint et se tord.
Qui a pitié
Du petit corps ?

À l'ultime minute,
Dans l'aube sans défense,
Sans révolte et sans lutte
Hurle un profond silence.

L'enfant qui meurt
Appelle à l'aide,
Cri de douleur,
Cri sans remède.

Le respect de l'enfance
Erre en vain sur la terre
Quand partout la souffrance
Allie guerre et misère.

Sol enflammé
Par ce martyr !
Vouloir aimer
Fait trop souffrir.

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Filet ariettes


Liberté, que de crimes commet-on en ton nom !
Arbeit macht frei.
Vrij en vrolijk.

Bonheur, que de crimes commet-on en ton nom !
L'heureux abri.
Vrij en vrolijk.

Ismes, que de crimes commet-on en votre nom !
Fascisme, capitalisme,
Racisme, communisme.

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Filet ariettes


Parmi les croix
Désespérément éparses des tombeaux,
Rêve une voix,
Une voix dièse d'arpège élevé,
Crie un rêve,
Un enfant écorché,
Un cœur arraché vivant.

Dans le cimetière et la nuit,
Balancent monotones
Mon désespoir et ma mort
Par cette douleur languissante et fatale
Qui m'emplit le cœur,
Par cette souffrance éparse des tombes,
Par ce cri sans espoir de la nuit qui meurt.

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Filet ariettes


Un jour finira la marche sanglante
Des enfants sur les chemins du monde.
Êtres mutilés, orphelins de l'amour,
Méprisés, rejetés, abusés, exploités.
Que l'espèce humaine est cruelle !

Ils souffriront, ils mourront
Et leur sang remplira nos sources profondes
Jusqu'à ce que, dégoûtés de ce sombre massacre,
Nous décidions de leur accorder de la valeur.

Pourquoi Gandhi n'a-t-il pas empoigné un fusil ?
Pourquoi Jésus s'est-il laissé crucifier ?
Eux ils disposaient de la force.

La force, les enfants ne l'ont pas
Et ils devront encore souffrir !
Mais un jour, ce sang cessera de couler.

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Filet ariettes


Je ne sais plus quoi chanter,
Je voudrais donner une paix à chacun,
Un instant de calme et de joie,
Tout à coup, en pleine lumière,
Loin des flammes et des guerres,
Loin des raisons d'État et des racismes,
Loin des formes diverses de la cruauté,
Loin des folies et des hontes humaines !

Cette paix, vous pouvez tous la chanter.
Je vois des fontaines dorées de bonheur,
Je vois un prince entier vêtu de paix
Et c'est l'enfance qui paraît.
C'est elle qui va nous sauver,
L'enfance et ses désirs simples.
L'humanité va enfanter l'enfance,
L'humanité gémit.

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Filet ariettes


Que les mains meurtries des enfants
Sèment joie et vie dans nos cœurs !
Qu'ils nous rendent l'espoir,
La joie et le bonheur !

Enfants, qu'on vous confie le monde !
Sortez-le de sa misère, faites-le chanter !
Vos yeux sont notre avenir,
Nous irons là où vous irez.

Les promesses oubliées
Façonneront votre royaume.
Les lois aimantes l'emporteront
Et vos rires seront notre paradis.

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