Brise ces liens
Liste des poèmes
Feux de folie
Êtres humains
Ce sang ne sèchera pas
Sur la route un enfant
Désespoir
Nus sur terre de feu
Déliez cet enfant !
Le même cri
Hurle ton dit
Enfants du terrorisme
Armes et larmes
Les barbelés
Motifs pour se diviser
Tu viens de la cité ?
Brisons nos liens
Telle guerre
Paradis perdu
Vaste lande
L'espoir est éteint, le néant m'encercle,
La peur me terrasse quand mon cœur pense ;
Car en fin de sente émerge le cercle
Des feux de folie que ce monde lance.
Ce monde en barbelés m'incite à les maudire,
Ces prêtres et savants qui nous ensorcellent
D'un dieu imaginaire et d'un céleste empire
Parce qu'ils veulent trop leurs actions criminelles.
Il n'y a ni bonheur, ni races, ni nations,
Ni traître compassion ni justice haute ou basse,
Car vouloir être soi, sans plus, nous débarrasse
De la détresse amère issue des illusions.
Avant tout
Vous êtes des êtres humains,
Jeunes gars,
Mais l'heure sonne déjà
Où l'on vous maltraite d'un autre nom.
Défaites les liens qui vous serrent les pieds,
Effacez les larmes de deuil, enfants !
Ne touchez plus aux armes !
Même si le monde est plein de sang,
Doux, posez les armes !
Alors jailliront des pleurs
De joie et de douleur mêlés,
Posez les armes, brisez ces cordes !
Qu'on sauve et protège ces victimes
De notre orgueil et de nos crimes !
Qu'on leur donne la chance de voir,
Loin des laideurs de la guerre,
La beauté transfigurée
D'un monde rempli de bonheur !
Jeune gars, la corde t'enserre
Les bras et les jambes encore,
Que les assassins et les brutes
Se cachent d'ici l'aurore !
Oui, tu pourras briser
Ces durs liens du passé.
Brise ces cordes !
Ce sang ne séchera pas dans nos âmes.
Nous finirons écœurés
D'une guerre horrifiante
Et nous ne pourrons que pleurer,
Car là où pèsent nos pas
L'herbe devient sanglante.
Jeunes de toute la planète,
Des pays que nous avons meurtris,
Où nous avons apporté la misère
Par nos crimes, nos armées et notre argent,
Que vous dire ? Comment vous consoler ?
Occident maudit, où sont tes valeurs ?
Que de crimes commets-tu par peur ou par caprice !
Ton sol craquelé et lézardé pue le soufre.
Pour tous et pour toujours, déjà tu te nommes
L'empire du sang et des injustices.
Sur la route un enfant
Sans parent, sans ami.
Il te faut vivre encore
Et encore tuer,
Toujours
Sans que l'aurore
Sans que le ciel
Ne soient autres pour toi
Que la mort et les pleurs
Et répandre la souffrance.
Et le jour est proche
Où toi aussi tu porteras des liens,
Où les armes te tueront
Ainsi que la haine
Absurdement.
Brise ces cordes !
Désespoir,
C'est pour toi le seul chant
Que murmure le vent.
Nul espoir,
Car on tue sans arrêt,
On apprend à tuer.
C'est le soir,
C'est la nuit, serre les dents !
Ta guerre est sans fin.
L'avenir vient tuer
L'amour et la tendresse,
Le bonheur et l'espoir.
Déjà le malheur s'élève
En ton cœur sombre
Et vient pour le brûler.
Désespoir
De ton âme en pénombre,
De ton pays désolé,
De ta terre dévastée,
Des crimes perpétrés,
Des enfants massacrés,
Des sangs innocents
Et des inconscients
Qui viennent vous tuer !
Oh, brise ces liens, brise ces cordes, brise ces cordes !
Tout le monde a droit à la paix.
Nus sur une terre de feu,
Orphelins d'une guerre amère,
Prisonniers des grands de la terre,
Enfants exilés du ciel bleu.
Scandale de notre crime
Exposé aux yeux des gens,
Vous montrez comme on opprime
Les faibles injustement.
Tous ces faux idéaux
Pour lesquels vous mourrez,
Ne sont que des mots.
Il faudrait en pleurer.
Vos larmes et vos liens
Sont la honte des hommes.
Enfants, dès à présent,
Il faut vous délivrer.
Qui que vous soyez,
Quel que soit le moment,
Quel que soit votre avenir,
Peut-on laisser ce crime se poursuivre ?
Vous qui pouvez le faire,
Brisez ces cordes !
On ne vous demande qu'un geste.
Au nom de la vérité,
Au nom de l'amour,
Baissez les armes, posez-les
Et brisez ces cordes !
Même si toutes les consciences du monde,
Même si les pleurs des enfants de la guerre
Ou la détresse des mères et des orphelins
Ne vous convainquent pas,
Ayez pitié et brisez ces liens, brisez ces cordes !
Trop de femmes, trop d'enfants, trop d'hommes en souffrent.
Déliez cet enfant,
Faites rire ces yeux
Sans espoir, si anxieux,
Effacez ces tourments !
Ce visage perdu,
Plein d'horreur et sans larmes,
Ce faible corps si nu
Encerclé de tant d'armes !
Mais qu'on coupe ces liens !
N'est-il donc que moyens
Cruels et inhumains
Pour parler aux humains ?
La haine et la terreur,
La misère et l'horreur
Peuvent-ils nous mener
Sur la voie du bonheur ?
J'entends le même cri
Inhumain, angoissant
Hurler à l'infini
De hier à maintenant.
Enfants du monde entier
Que nous torturons tant,
Défrichons le sentier
D'une aube sans tourment !
Si tu hurles ton dit,
Ton cri de vérité,
Tout brille à l'infini
Pour toi dans la cité.
On n'apprend que haines, peurs et armes
Aux enfants du terrorisme.
Où donc trouveraient-ils quelque joie ?
Plus de joie, plus de voie, plus d'espoir !
Et nous traçons des routes de sang
En entravant nos cerveaux
Et ligotant des enfants.
Qu'ils brisent leurs cordes,
Qu'ils découvrent un signe de paix,
Un geste de tendresse
Et qu'ils se mettent à sourire !
Que viennent les armes,
Qu'on laisse les larmes !
Bête fauve aux yeux inquiets
S'alarmant du pas qu'elle entend,
Méchante et anxieuse,
Fus-tu jamais un enfant
Sans peur et sans tourment ?
Heureux de n'être pas mort
Et toujours prêt à tuer
Avec haine et sans pitié
Pour pouvoir survivre,
Voilà ton horizon !
Qu'on laisse les armes,
Que viennent les larmes !
Enfants fuyant la guerre,
Pleurant et criant, perdant haleine
Et courant droit aux barbelés.
Ils s'y heurtent et leurs mains
Et leur fuite veulent progresser
En dépit des pointes des barbelés.
Des doigts déchirés gicle
Du sang sur un visage qui s'écrase
En vain sur les cruels barbelés.
Et ils s'entêtent et se balafrent
Les jambes, les bras, la tête
Des sillons profonds des barbelés.
Visages déchiquetés et rouges,
Méconnaissables sur un corps
Que sans pitié crèvent les barbelés.
Et pendant cette mise en pièces
Les Grands « défendent » leurs intérêts
Tout en posant des barbelés.
Ils sont tous du même avis,
Il faut vous sauver !
Et ils placent partout des barbelés.
Entre temps votre corps se déchire
Et lutte en vain contre l'acier,
Morceaux de chair sur pointes en fer.
Et quand vous ne serez plus rien,
Vos protecteurs seront d'accord,
Peut-être, pour retirer leurs barbelés.
Dieux, idées, races, peuples...
Tant de motifs pour se diviser !
Mais celui qui veut la paix
Voit le singulier dans le pluriel.
Que les forts aident les faibles
Et que les faibles ne conspirent plus !
Qu'en chacun les valeurs se cristallisent
Et que tout être humain devienne joyau !
Tu viens de la cité ?
Va la sauver des eaux !
Elle deviendra cygne,
Toute moïse est signe.
À toute heure du jour et de la nuit
Des liens nous rongent le cerveau
Et font de nous des censeurs,
Des héros, des martyrs et des bourreaux.
Ils nous trompent sur les couleurs du monde,
Ils nous font traiter l'innocent en suspect,
Le dubitatif en ennemi invétéré
Et le modéré en adepte fervent.
Ils nous ordonnent de faire justice,
De contraindre autrui à nos lois,
De décréter haut et fort le faux et le vrai
Et de lier les poignets des enfants.
Telle guerre
Où le sang des enfants
A coulé dans des rigoles de terre,
Où des masques
Se sont dressés sur des ruines !
Pour que le monde cesse ses folies,
Puissions-nous vivre d'amour !
Un coin de soleil, un enfant d'été,
Un bonheur tout simple, loin des horreurs.
L'instant d'une flamme et l'éternité,
Venez, les enfants, quittez vos frayeurs !
Cessons la guerre et chantons,
Partons d'ici et dansons
Loin des tyrannies, loin du désordre
Et ne formons qu'un seul cœur !
La terre a son fardeau
De douleur et de sang ;
Pleure, qui voit l'oiseau,
La mort de l'innocent.
Grand paradis perdu,
Larmes vers la justice,
Quelle saison a vu
Un début d'armistice ?
Que la paix n'erre plus,
Spectre en notre tourment ;
Grand paradis perdu,
Que scintille le vent !
Une vaste lande répand sa tristesse
Et ce n'est pas si grave ni si grand.
L'avenir nous dira
Quelle eau frétille sous le vent du passé.
L'enfant mort, la terre oubliée, le chant d'hier...
Pleurons sans arrêt sur le sol en granit
Et lorsque sonnera l'heure de l'éveil,
Arrêtons de courir !
Redressons-nous, levons la tête vers le ciel !
Aujourd'hui et à jamais, l'horizon est large
Et plein d'espoir.
Pèlerin, merci.